Écologie et théologie, sommet de Halki entre orthodoxes et catholiques
Le Patriarcat œcuménique de Constantinople et l'Institut universitaire italien Sophia, géré par le Mouvement des Focolari, en sont les organisateurs.
Le patriarche œcuménique Bartholomée et le Pape François représentent une approche unie et une voix prophétique sur la relation inséparable entre la durabilité de la planète et le salut du monde, entre la protection de l'environnement et la réalisation de la fraternité universelle. Grâce à leurs rappels constants, la conscience des communautés catholiques et orthodoxes s'est accrue, donnant lieu à des actions et des réflexions communes. En témoigne le 5e sommet de Halki, qui s'est ouvert le 9 juin à Istanbul, conjointement organisé par le Patriarcat de Constantinople et l'Institut universitaire catholique Sophia.
Message du Pape aux participants
Des étudiants et des enseignants catholiques et orthodoxes de tous les continents y participent. Au nom du Saint-Siège, Mgr Angelo Vincenzo Zani, du Dicastère pour la Culture et l'Éducation, était présent. Signé par le secrétaire d'État, le cardinal Pietro Parolin, un message du pape François est parvenu aux participants, dans lequel il se dit «ravi de la tenue de cette conférence». «Alors que notre maison commune est confrontée aux effets continus du changement climatique, qui menacent en particulier nos frères et sœurs les plus vulnérables, Sa Sainteté prie pour qu'une réponse œcuménique toujours plus importante à l'appel à être de bons intendants du don de la création de Dieu inspire de nombreuses personnes à s'engager à cette fin pour le bien des générations futures», est-il indiqué dans la missive du Souverain pontife.
Action de grâces et ascèse consumériste
Le sommet a été ouvert par les allocutions du nonce apostolique en Turquie, Mgr Marek Solczynski, du recteur de l’université Sophia, Giuseppe Argiolas, et de Margaret Karram, présidente du mouvement des Focolari et vice-chancelière de l'Institut universitaire basé à Loppiano. Le discours d'ouverture a ensuite été prononcé par le patriarche Bartholomée, qui a mis l'accent sur deux mots du thème du sommet: «futur» et «ensemble». Le premier rappelle le fort lien intergénérationnel inhérent au respect de l'environnement; le second, l'incontournable approche interdisciplinaire à adopter face à l'immensité et à la complexité des problèmes écologiques. «Il devient évident, a déclaré le patriarche, que seule une réponse coopérative et collective des chefs religieux, des scientifiques, des autorités politiques, des institutions éducatives et des organisations financières sera en mesure d'aborder efficacement ces questions vitales de notre époque».
Bartholomée a ensuite repris deux concepts centraux de la théologie et de la spiritualité orthodoxes: l'eucharistie au sens d'action de grâce pour le don de la création, et l'ascèse, c'est-à-dire la maîtrise de soi, des passions consuméristes. Le patriarche a invité à considérer ces concepts également comme des façons différentes de parler de la communion. «C'est ici que la vision de notre frère le Pape François, a-t-il dit, coïncide avec la vision du monde que nous proposons et promulguons depuis plus de trente ans».
«Tout est lié»
«Tout est lié», rappelle souvent l’évêque de Rome, a relevé le patriarche, en expliquant: «Des connexions entre nous et l'ensemble de la création de Dieu, entre notre foi et notre action, entre notre théologie et notre spiritualité, entre ce que nous disons et ce que nous faisons ; entre la science et la religion, entre nos convictions et chaque discipline; entre notre communion sacramentelle et notre conscience sociale; entre notre génération et les générations futures, entre nos deux Églises, mais aussi avec d'autres Églises et d'autres communautés de foi».
Perspectives théologiques et éducatives
Les travaux de ce sommet œcuménique ont porté sur des sujets tels que «Les racines de la crise écologique», «L'engagement envers la création en tant que maison commune: perspectives mondiales et politiques». Le 10 juin, le sommet s’est poursuivi sur l'île grecque de Halki, à environ une heure de bateau de la côte d'Istanbul, au monastère grec orthodoxe, datant du IXe siècle, autrefois siège de la principale école de théologie du patriarcat de Constantinople, désormais utilisé pour des conférences. Ce samedi 11 juin, des conférences de chercheurs et d'experts ont lieu sur les thèmes suivants: «L'empreinte du Créateur dans la création : perspectives théologiques et spirituelles» ou encore «Le Saint-Siège et le Patriarcat œcuménique : perspectives œcuméniques».