Les rivières du monde entier polluées par les médicaments
Rivière Likouala-aux-Herbes entre Bouanila et Mongouma Moké, Likouala, République du Congo (Congo-Brazzaville) ©Yann Arthus-Bertrand
Pour la première fois, l’Université de York au Royaume-Uni a dirigé une étude internationale sur la pollution médicamenteuse des rivières. Cette étude, à laquelle a participé l’INRAE, impliquant plus de 80 instituts de recherche, a analysé la pollution de 258 rivières dans une centaine de pays sur les cinq continents. Leurs travaux montrent aussi que les rivières les plus polluées sont celles qui traversent les pays en développement. Les médicaments font désormais partie du quotidien et de la santé pour de nombreuses personnes dans le monde. Mais que deviennent-ils une fois éliminés de notre corps ?
Les pays en développement plus sujets à la pollution médicamenteuse
A l’heure actuelle, le constat de la pollution médicamenteuse est déjà connu et documenté dans les pays du nord, mais aucune étude mondiale sur le sujet n’avait été réalisée jusqu’à présent. Ainsi, 1052 échantillons ont été prélevés dans 258 rivières du monde, y compris dans des régions jamais étudiées auparavant. Le résultat est sans appel : l’Amérique du Sud, l’Afrique subsaharienne et certaines parties de l’Asie du Sud sont les régions les plus concernées par la pollution médicamenteuse des cours d’eau. Ceci s’explique par le manque d’efficacité, voire l’absence, du traitement des eaux usées et la présence des usines de production des médicaments. En outre, plus un pays est économiquement pauvre, plus ses eaux sont polluées.
Impact imprévisible sur l’environnement
Les médicaments ingérés par les humains sont rejetés naturellement dans les eaux usées, et donc plus tard dans les rivières. L’impact des médicaments sur la biodiversité reste inconnu. Ils pourraient perturber les écosystèmes et les cycles de vie des espèces aquatiques. Les médicaments prélevés par les chercheurs reflètent aussi les plus utilisées dans la pharmaceutique : antibiotiques, analgésiques, anti-inflammatoires, antihistaminiques, antidiabétiques, antidépresseurs, stimulants (comme la caféine). Selon l’étude, la totalité des rivières analysées sont « contaminées par des résidus médicamenteux » et « un quart des sites échantillonnés présentent des niveaux de pollution potentiellement dangereux pour la biodiversité aquatique. » Des recherches sur la présence de résidus médicamenteux pourraient s’appliquer à l’avenir à d’autres environnements, comme les sols ou les organismes vivants eux-mêmes.
Romane Pijulet