Eolien offshore : la France, le Japon et la Corée bientôt partenaires ?
Ce secteur énergétique est jugé “ultra-concurrentiel” par l’ADEME. Mais il représente aussi un levier crucial pour le développement des énergies renouvelables.
Avenir énergétique : l’ADEME soutient les éoliennes en mer
Les chiffres de l’ADEME ne laissent planer aucun doute : à l’avenir, il faudra compter avec les parcs éoliens en mer. En 2021, l’éolien offshore ne fournit que 0,3% de l’électricité consommée dans le monde. Mais ce chiffre n’est pas représentatif de son potentiel. Et le rapport 2019 de l’Agence Internationale de l’Energie estime qu’il pourrait atteindre une production équivalente à 18 fois la demande mondiale en électricité.
Le sujet de l’éolien offshore est sur la table depuis maintenant plusieurs années. Mais les aléas énergétiques subis sur cette fin d’année 2021 le ramènent sur le devant de la scène. Après une année 2020 marquée par une consommation d’énergie en baisse, 2021 s’est avérée plus complexe pour de nombreux pays. Le rebond économique et le redémarrage de l’activité industrielle ont requis beaucoup d’énergie. En Chine, l’approvisionnement en énergie a donné lieu à de sévère problèmes électriques dans certaines régions.
Dans ce contexte de forte demande d’énergie, la COP26 de Glasgow a peiné à proposer des réponses pour concrétiser la transition énergétique. Et de nombreux pays font face à un double défi : couvrir leurs besoins en énergie tout en tentant de respecter leurs engagements environnementaux. Cette double contrainte sera-t-elle l’occasion de voir enfin l’éolien offshore se développer ? C’est en tout cas ce que pense l’ADEME.
France, Japon et Corée : une coopération tripartite sur l’éolien offshore
En juin dernier, l’ADEME a organisé un séminaire conjoint avec son homologue coréen, le KEA, autour de l’éolien offshore. D’après Vincent Guénard, membre du pôle Eolien et énergies marines de l’ADEME, les deux agences ont des intérêts en commun. Et le séminaire a mis en avant l’utilité d’un partenariat à grande échelle sur le sujet. “Il a permis de dresser un état des lieux du secteur de l’éolien offshore dans les deux pays, de valoriser les expertises d’entreprises volontaires et d’esquisser des pistes concrètes de collaboration.” En effet, un premier pas a été franchi avec le financement conjoint d’études sur la gestion des conflits d’usage entre zones de pêche et parcs d’éoliennes en mer.
La Corée n’est pas le seul pays qui intéresse l’ADEME. En mars 2022, l’agence tricolore se déplacera à Tokyo. Elle célébrera trente ans de coopération avec la NEDO, l’agence de l’énergie du Japon. Et Vincent Guénard annonce déjà que ce sera “l’occasion de réitérer l’exercice”. A terme, la France, via l’ADEME, espère bien animer une coopération tripartite avec le Japon et la Corée autour de l’éolien offshore.
3 pays : une même situation
La France cherche à se rapprocher du Japon et de la Corée pour développer l’éolien offshore. Car les trois pays ont beaucoup en commun. Ils disposent des capacités industrielles et des fronts de mer. Mais ils accusent tous un gros retard dans le développement des éoliennes en mer. Contrairement à d’autres pays, tels que la Chine en Asie ou la Grande-Bretagne en Europe, les trois pays n’ont pas encore développé de véritables capacités de production sur l’éolien offshore.
Alors quelle est la stratégie de l’ADEME ? “Avec nos homologues japonais et coréen”, explique Vincent Guénard, “nous cherchons donc à motiver les acteurs innovants de l’éolien offshore en créant les conditions d’émergence de coopérations.” Concrètement, la France ambitionne d’allier le savoir-faire de ses énergéticiens (comme EDF, Total ou ENGIE) et de ses équipementiers (General Electric, BW Ideol) avec l’expertise en construction navale du Japon et de la Corée. Et l’ADEME souhaite concrétiser le projet de partenariat en 2022 pour insuffler un nouvel élan autour de l’éolien offshore.