Mer Méditerranée : les microplastiques menacent les espèces marines et les humains
AA / Antalya, Turquie / Yasemin Kalyoncuoglu
L'augmentation de la quantité de microplastiques en mer Méditerranée constitue une menace pour la vie marine, ainsi que pour la santé humaine, selon un expert.
"La pollution par les microplastiques augmente de jour en jour et constitue l'un des problèmes les plus importants en Méditerranée", a déclaré le biologiste marin Ahmet Erkan Kideys à l'Agence Anadolu, lors de la 22e réunion des parties contractantes de la Convention de Barcelone et de ses protocoles, également appelée COP22, qui se tient dans la station balnéaire turque d'Antalya.
Alors qu'un gros déchet peut provoquer la mort d'un seul animal marin, les nombreux détritus rejetés sous forme de microplastiques lors de la dissolution d'un déchet peuvent être consommés par une myriade d'organismes, du plancton aux baleines, et s'accumuler dans leur corps à travers la chaîne alimentaire, a expliqué le professeur Kideys, de l'Université technique du Moyen-Orient (ODTU) en Turquie.
"Nous trouvons des microplastiques dans l'estomac et l'intestin de la plupart des poissons que nous analysons, ainsi que dans les coquillages. Les microplastiques peuvent également être transmis aux personnes qui consomment du poisson ou des coquillages", a-t-il déclaré, notant que la plupart des déchets rejetés dans la mer y sont charriés par les rivières.
Soulignant qu'outre les gouvernements, les particuliers doivent également assumer d'importantes responsabilités pour lutter contre le problème des microplastiques, Kideys a déclaré que pour protéger la mer Méditerranée, il fallait que davantage de côtes soient classées comme zones marines protégées.
- Les espèces intrusives
Un autre problème majeur pour la Méditerranée est l'augmentation des espèces intrusives, qui y parviennent souvent en collant à la coque des navires ou en passant par le canal de Suez, a déclaré Kideys.
"Il est très difficile d'empêcher cela. Mais il faut empêcher l'arrivée de nouvelles espèces d'une manière ou d'une autre", a souligné Kideys, en insistant sur l'importance de développer des mesures fondées sur la recherche scientifique pour empêcher l'arrivée d'espèces intrusives.
"Si les espèces autochtones viennent à disparaître, l'écosystème marin se détériorera", a-t-il ajouté.
- COP22
Le professeur Kideys a souligné l'importance de la COP22, qui clôturera ses travaux vendredi, dans le cadre des efforts déployés pour résoudre les problèmes auxquels est confrontée la mer Méditerranée.
Il a déclaré qu'avec les projets environnementaux récemment lancés par le président turc Recep Tayyip Erdogan et la première dame Emine Erdogan, sur la réduction des déchets et des déchets marins, la Turquie a le potentiel pour être un leader international en la matière.
L'aspect le plus important du Plan d'action pour la Méditerranée (PAM), établi en 1975 en tant qu'accord multilatéral sur l'environnement, est qu'il a réuni 25 pays côtiers pour prendre des mesures et des décisions concernant leur bassin maritime commun, a déclaré Kideys.
Soulignant que les questions relatives à la mer ne pouvaient être résolues que si tous les pays côtiers prenaient des mesures conjointes, le scientifique a déclaré que le PAM avait permis de progresser dans la mise en œuvre de solutions aux problèmes liés à la pollution en Méditerranée.
Si certains problèmes ont trouvé une solution, de nouveaux sont néanmoins apparus, a noté Kideys, ajoutant que le changement climatique était le plus grand problème auquel le monde est actuellement confronté et qu'il pourrait déclencher un déclin sans précédent de la biodiversité marine.
Les ministres de l'environnement et les délégués de 21 pays méditerranéens, ainsi que des représentants de l'UE et des Nations unies, participent à la COP22, qui se tient tous les deux ans.
La convention constitue un cadre juridique multilatéral pour la protection de l'environnement marin et côtier et l'utilisation durable des ressources en Méditerranée.
Le Plan d'action pour la Méditerranée du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE/PAM) est une plate-forme de coopération régionale créée pour être le premier plan d'action régional dans le cadre du Programme des mers régionales du PNUE.
Bien que la Méditerranée ne couvre que 1% de la surface mondiale des océans, elle abrite plus de 17 000 espèces marines, ce qui correspond à quelque 4 à 18% des espèces marines connues dans le monde.
Le PAM a été adopté en 1975 par 16 pays méditerranéens et la Communauté européenne. La Turquie a adhéré à la convention en 1982.