Vers un basculement neige-pluie dans l’Arctique plus précoce qu’estimé, selon une étude
Un iceberg près de l'île de Kulusuk, en août 2019, au Groenland © AFP/Archives Jonathan NACKSTRAND
L’Arctique se réchauffe beaucoup plus rapidement que la moyenne de la planète, entraînant un recul de la banquise et une augmentation de l’humidité dans l’air.
En conséquence, les scientifiques prévoient une augmentation importante des précipitations sur ces régions d’ici la fin du siècle. Mais sous quelle forme ?
Les auteurs de l’étude publiée dans Nature Communications ont comparé les prévisions de la dernière génération de modèles climatiques aux précédentes modélisations.
Ils estiment que le basculement vers un régime de précipitation annuel dominé par la pluie et pas par la neige se produit « une ou deux décennies plus tôt ».
« Les changements vont être plus importants et bien plus précoces qu’estimé précédemment, ce qui aura des impacts majeurs sur la vie dans la région », explique à l’AFP l’auteure principale Michelle McCrystall.
« En automne par exemple, où le changement est le plus important, la zone centrale de l’Arctique pourrait faire la transition autour de 2070 selon les récents modèles, comparé à 2090 selon les anciens », poursuit la chercheuse de l’université de Manitoba au Canada.
Tout dépendra toutefois de l’ampleur du réchauffement. Au rythme actuel, la pluie devrait devenir majoritaire globalement sur l’Arctique avant la fin du siècle, mais limiter le réchauffement à +1,5°C, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, pourrait permettre de préserver une région dominée par la neige, selon l’étude.
Ces résultats montrent que « les pires impacts peuvent être évités » si les émissions de gaz à effet de serre sont drastiquement réduites, a commenté Gavin Schmidt, de l’institut Goddard d’études spatiales de la NASA, contestant une partie de l’étude. Pour ce chercheur qui n’a pas participé à l’étude, les résultats ne prouvent pas que la pluie arriverait plus rapidement que prévu.
Dans tous les cas, des effets en cascade du basculement entre neige et pluie sont attendus.
Par exemple, la multiplication des épisodes de pluie tombant sur la neige risque d’augmenter la mortalité des rennes et caribous dont dépendent les communautés locales: les animaux ne peuvent plus accéder à leur nourriture, sous la couche de glace impénétrable qui se forme alors.
La diminution de la couverture neigeuse va également réduire l’effet d’albedo (capacité à réfléchir l’énergie solaire), exacerbant ainsi le réchauffement, note l’étude.
Mi août, de la pluie avait été observée pour la première fois au sommet de la calotte glaciaire du Groenland, à plus de 3.000 mètres d’altitude.
Une événement « inquiétant » dans cette zone qui devrait pourtant rester dominée par la neige au XXIe siècle, estime Michelle McCrystal, même s’il n’est pas possible à ce stade de dire si c’est un événement isolé ou un signe que la réalité pourrait être pire que les modèles.
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