Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) augmente le niveau de l'aide alimentaire dans les zones les plus touchées par la famine au Yémen, afin d'éviter une situation dévastatrice. Mais la capacité de l'agence onusienne à maintenir cette réponse jusqu'à la fin de l'année reste incertaine.
Yémen : près de 50.000 personnes vivent déjà dans des conditions proches de la famine (PAM)

« La fragilité persistante du Yémen, aggravée par les facteurs persistants d'insécurité alimentaire, rend le pays extrêmement vulnérable à une aggravation de la faim et de la famine », a déclaré Laurent Bukera, le directeur du PAM au Yémen. « L'escalade du conflit, le déclin économique, la hausse des prix mondiaux des produits de base et la Covid-19 ont tous contribué à une augmentation alarmante de la faim aiguë au cours de l'année dernière », a-t-il expliqué

Près de 50.000 personnes au Yémen vivent déjà dans des conditions proches de la famine et 5 millions de personnes sont en danger immédiat. Dans ce pays du Moyen-Orient, un enfant meurt toutes les 10 minutes de maladies évitables telles que la diarrhée, la malnutrition et les infections des voies respiratoires.

Une aide alimentaire à près de 13 millions de personnes

Pour répondre à ces besoins aigus, le PAM a repris les distributions mensuelles de nourriture à 350.000 personnes dans 11 districts confrontés à des conditions de famine (classé au niveau IPC5) en février.

En avril et mai de cette année, après la confirmation de nouveaux fonds, l’agence onusienne a commencé à accroître son aide à près de 6 millions de personnes dans les neuf gouvernorats présentant les taux les plus élevés d'insécurité alimentaire d'urgence (niveau IPC4) : Hajjah, Al Jawf, Amran, Al Hodeidah, Raymah, Al Mahwit, Sa'ada, Dhamar et Taiz. À partir de juin, ces personnes recevront à nouveau une ration alimentaire complète chaque mois.

Le PAM apporte une aide alimentaire à un total de 12,9 millions de personnes au Yémen, en donnant la priorité aux zones où les taux d'insécurité alimentaire sont les plus élevés et en fournissant un soutien rapide aux familles déplacées par le conflit, comme dans le gouvernorat de Marib.

Mais en avril 2020, dans un environnement opérationnel difficile et face à une réduction des financements, l’agence onusienne a été contrainte de cesser de fournir une assistance tous les mois, et de la fournir plutôt tous les deux mois, dans les régions du nord du Yémen.

Les donateurs ont jusqu'à présent contribué près de 947 millions de dollars à l'effort du PAM pour la prévention de la famine au Yémen. Cet appui comprend celui des États-Unis, de l'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de l'Allemagne et de l'Union européenne. Le suivi de la sécurité alimentaire par le PAM, qui suit la consommation alimentaire, la diversité des régimes alimentaires et les stratégies d'adaptation liées à l'alimentation, permettra de voir l'impact de l'augmentation progressive de l'aide, comme en 2019 lorsque la famine a menacé pour la dernière fois.

« Nous commencerons à voir l'impact dans les mois à venir, mais les gains initiaux seront fragiles », a prévenu Laurent Bukera, « La capacité du PAM à maintenir ce niveau de réponse jusqu'à la fin de l'année est dans la balance. Un financement durable, prévisible et flexible est nécessaire immédiatement, sinon nous verrons tous les progrès annulés et les besoins augmenter rapidement dans ce qui est un environnement opérationnel imprévisible et difficile ».  

Pour prévenir la famine au Yémen, le PAM a besoin d'au moins 1,9 milliard de dollars en 2021.

La faim a augmenté au Yémen à mesure que le conflit s'est intensifié, déplaçant des familles pour la troisième, voire la quatrième fois, alors que la guerre entre dans sa septième année. La hausse des prix des denrées alimentaires - jusqu'à 200% au-dessus des niveaux d'avant-guerre - a rendu la nourriture inabordable pour des millions de personnes. En outre, une deuxième vague mortelle de Covid-19 balaie le Yémen et le système de santé est incapable d'y faire face.

La résolution 2417 du Conseil de sécurité des Nations Unies - adoptée il y a trois ans - indiquait que le cycle corrosif de la faim et du conflit au Yémen était la preuve que la paix est la seule solution durable à la crise alimentaire que traverse le pays.

Source: news.un.org

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