La viande bio émet-elle moins de carbone que la viande conventionnelle ?
Le bio n'est pas toujours le moins polluant notamment pour la viande bovine bio.
Des chercheurs allemands de l’université technique de Munich ont calculé le coût financier de l’empreinte carbone de trois catégories d’aliments : les produits carnés, laitiers et végétaux. Leur étude a été publiée dans la revue scientifique Nature le 15 décembre dernier.
Ils proposent d’intégrer ce coût carbone dans le prix final des produits, estimant que les coûts sociaux et environnementaux des émissions de gaz à effet de serre (GES) ne sont actuellement pas pris en compte dans la structure des coûts des agriculteurs ou de la chaîne alimentaire. Les chercheurs ajoutent qu’« en l’absence de paiements de compensation actuels, ce [manque] entraîne des distorsions importantes des prix du marché ».
L’objectif de leur étude est de « fournir une méthode pour une quantification et une monétisation différenciées des émissions de Gaz à effet de serre (GES) d’une variété de denrées alimentaires et de pratiques agricoles ». Les chercheurs précisent qu’ils ont étudié le contexte allemand.
Parmi les conclusions de leur étude, les produits carnés ont de loin les coûts externes les plus élevés, suivis des produits laitiers et d’origine végétale. La viande biologique serait plus polluante que la viande conventionnelle. A l’inverse, le bio génère moins d’émissions que la production conventionnelle pour les produits laitiers et végétaux.
Pour les produits carnés, les chercheurs allemands distinguent néanmoins certaines catégories, seul le porc s’en sort mieux. « Pour les catégories des œufs, de la volaille et des ruminants, l’agriculture biologique entraîne des émissions plus élevées. Pour le porc, cependant, l’agriculture biologique permet de réduire les émissions ». Cette situation peut s’expliquer par le besoin d’espace supérieur en bio pour les animaux, par une vie plus longue des bêtes, des rendements moindres et un besoin en aliments supérieur. « 43 kg d’aliments sont nécessaires pour produire 1 kg de viande bovine », précise l’étude.
Les chercheurs plaident ainsi pour un ajustement des prix des produits en fonction de leur coût carbone. « Afin de réduire l’écart entre les prix actuels du marché et les coûts réels des denrées alimentaires, les émissions de GES de l’agriculture doivent être quantifiées et monétisées », écrivent-ils. Si cela était le cas, le prix de la viande conventionnelle augmenterait de 40 %, contre 25 % pour la viande biologique (une augmentation moindre car celle-ci est déjà plus chère). En prenant en compte cette surtaxe carbone, 1 kilo de bœuf à 25 euros coûterait en fait 60 euros.