Les microplastiques au menu des ovins
Les résultats montrent que les troupeaux ovins pourraient être une source de propagation de ces microparticules, néfastes pour la santé comme pour l’environnement.
Les microplastiques ont envahi la quasi-totalité des écosystèmes, des océans aux montagnes les plus reculées, affectant tant les espaces vierges que les organismes qui y vivent. Également présents dans les aliments, les animaux les ingèrent et peuvent être à la fois porteurs et vecteurs de ces microparticules nuisibles, de la même façon que l’eau et le vent qui les désintègrent et les disséminent.
Cependant, seules quelques études se sont penchées sur le transfert de microplastiques via des organismes terrestres. Concernant leur ingestion, les premiers étudiés ont été les vers de terre. Les microplastiques peuvent en effet passer du sol aux vers de terre puis aux poules qui les mangent. De même, ils passent du sol aux feuilles de haricots et aux escargots, avant d’être avalés par leurs prédateurs.
Alors que le plastique est largement utilisé dans de nombreux secteurs dont l’agriculture, aucune étude n’avait jusqu’à présent évalué l’ingestion de microparticules dans les pâturages dédiés à l’élevage du bétail. Le plastique est pourtant omniprésent à la ferme, autant par son utilisation primaire dans les champs que via les amendements avec des produits contaminés, comme les biofertilisants. Les paillis recouverts de plastique sont notamment employés pour augmenter la température du sol, contrôler les mauvaises herbes ou encore améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau. De même, des filets en plastique sont utilisés pour la protection des cultures et des tuyaux en plastique assurent l’irrigation. Malheureusement, tous ces plastiques subissent des dégradations sur le terrain et des fragments viennent à s’accumuler dans les sols.
Dans la région de Murcie, en Espagne, les paillis de plastique sont largement utilisés pour la culture intensive de légumes et, après la récolte, les moutons sont lâchés dans les champs pour brouter les résidus végétaux. Les chercheurs ont ainsi montré que tous les échantillons de sol issus des fermes de la région appliquant ce paillis contenaient des microplastiques, et par conséquent 92 % des échantillons de matières fécales des moutons qui y broutaient également.
Après avoir ingéré le plastique présent dans un champ, les ovins peuvent ensuite devenir eux-mêmes une source de contamination, lorsqu’ils se déplacent sur une jachère ou une zone naturelle. Les matières végétales contaminées peuvent en effet demeurer 35 heures dans le système digestif du mouton. Le transport potentiel de microplastiques par un troupeau de mille ovins a été estimé à environ 106 particules par hectare et par an.
Ces résultats soulignent clairement le besoin de standardiser et de normaliser la mesure des microplastiques dans les exploitations, pour mieux en évaluer l’incidence, tout en explorant leurs effets sur et via les animaux de rente. La contamination plastique, provenant en partie de la gestion intensive de l’agriculture qui ne cesse d’augmenter, représente une menace grandissante pour les santés humaine et animale, ainsi que pour celle des écosystèmes. Un changement de paradigme dans la production agricole actuelle apparaît nécessaire pour espérer inverser cette tendance.