Certes pratique, le plastique n’en reste pas moins un véritable fléau pour l’environnement. Sur environ 300 millions de tonnes de plastique fabriquées chaque année dans le monde, seuls 10% sont en effet recyclées. Le reste se retrouve enfoui sous terre, est brûlé, tandis qu’une grande partie est déversée dans les océans. Et ce n’est pas fini ! Près de 1,3 milliard de tonnes de plastique supplémentaires pourraient être rejetées dans l’environnement d’ici 2040.
Ces plastiques ne sont pas les mêmes qu’il y a vingt ou même dix ans. Alors que l’humanité développe de nouveaux matériaux, les chercheurs essaient toujours de comprendre la manière dont ces contaminants affectent les organismes marins.
Une étude récente donne un premier aperçu de la présence et des effets potentiels de ces polluants chez les dauphins et les baleines.
“Les mammifères marins sont des sentinelles de l’écosystème qui reflètent les menaces anthropiques à travers leur santé“, explique Annie Page-Karjian, de la Florida Atlantic University (États-Unis).
Ces travaux ont également des implications pour la santé humaine. “Par exemple, de nombreux animaux analysés dans cette étude se nourrissent de poissons qui sont également consommés par l’Homme, poursuit la chercheuse. La surveillance de ces concentrations de contaminants fournit donc un aperçu relativement peu coûteux du risque d’exposition potentiel chez les humains”.
Composés plastiques, herbicides et métaux lourds
Des recherches antérieures ont déjà montré que les produits chimiques utilisés pour créer les plastiques peuvent gravement nuire aux reins et à la santé reproductive de ces animaux. Des rapports de cas démontraient également la présence de déchets dans leur estomac. Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs se sont davantage concentrés sur l’analyse de leur graisse et de leur foie.
Au total, 83 dépouilles retrouvées lavées sur les plages de Floride et de Caroline du Nord ont été analysées. Les animaux échoués représentaient onze espèces différentes. Parmi eux figuraient des spécimens de dauphins à bec blanc et de baleines à bec de Gervais, deux espèces rarement étudiées par la science. La présence d’animaux des deux sexes et de tous âges a également permis aux chercheurs d’examiner les différences entre les groupes.
Au-delà des toxines présentes dans les plastiques, tels que le bisphénol A (retrouvés dans les emballages alimentaire), les auteurs ont également mesuré des niveaux élevés d’atrazine (herbicide) et de métaux lourds tels que l’arsenic, le plomb et le mercure. Ces produits chimiques sont notamment connus pour endommager les systèmes immunitaire, reproducteur et nerveux des animaux.
Ces résultats ont par ailleurs montré que les grands dauphins intégraient dans leurs tissus des quantités plus élevées de plomb et de mercure que les cachalots pygmées. En outre, les dauphins à gros nez femelles avaient des niveaux d’arsenic plus élevés que leurs homologues mâles.
Pour les chercheurs, s’il n’est pour l’heure pas avéré que l’exposition à ces contaminants conduise directement à l’échouement de ces animaux, ces produits chimiques peuvent avoir “un impact sur leur survie par le biais d’effets indirects sur leur comportement, leur immunité et leur capacité de reproduction“.