Le plastique fait partie de nos vies depuis plusieurs décennies. Et notre manière de l’utiliser est un véritable fléau pour l’environnement. Sur environ 300 millions de tonnes de plastique fabriquées chaque année dans le monde, seules 10% sont en effet recyclées. Le reste se déverse dans les océans, tandis qu’une partie se retrouve enfouie sous terre ou est complètement brûlée.
Malgré tout, si de nombreux chercheurs tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs années, notre production de plastique ne montre aucun signe de ralentissement. Une situation exacerbée par l’épidémie de Covid-19, qui favorise le développement (et le rejet) de masques à usage unique. Au cours de ces prochaines années, il ne fait donc aucune doute que le plastique exercera une pression toujours plus grande sur l’environnement. Mais à quel point ?
Une équipe composée de 17 experts, dirigée par Costas Velis de l’Université de Leeds (Royaume-Uni), s’est récemment penchée sur la question.
Un scénario catastrophe
Dans le cadre de ces travaux, publiés dans Science, les chercheurs ont créé un modèle informatique permettant de cartographier les effets de plusieurs scénarios au cours desquels nous intervenons de différentes manières sur la gestion de nos déchets.
Parmi ces modèles, l’un anticipait la réduction de la quantité de plastique produite, tandis qu’un autre prenait en compte l’utilisation de matériaux alternatifs. Un troisième considérait également l’augmentation de notre capacité de recyclage et le renforcement des systèmes de collecte de plastique.
Tous ces scénarios ont finalement été comparés à un modèle dit “business as usual”. Autrement dit, un scénario selon lequel aucun effort supplémentaire ne serait fait quant au traitement des déchets plastiques.
Selon l’analyse, si effectivement rien n’est fait, « nous estimons que plus de 1,3 milliard de tonnes de pollution plastique finiront sur la terre ou dans les plans d’eau d’ici 2040, expliquent les chercheurs. Aussi énorme que soit ce nombre, il pourrait être encore plus important si une grande quantité de déchets n’était pas brûlée ouvertement. Mais cette combustion, disent-ils, entraîne également un coût environnemental majeur ».
En effet, s’il existe sur Terre des incinérateurs modernes capables de contrôler les différentes substances dangereuses émises dans l’atmosphère, une majorité de ces combustions se fait malheureusement à ciel ouvert.
Des substances toxiques sont alors libérées, exacerbant finalement le réchauffement climatique.
Les stratégies à mettre en place
Les scientifiques présentent un certain nombre de stratégies pour lutter contre le problème du plastique, en commençant par l’amélioration des services de collecte des déchets.
Avec environ deux milliards de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à de tels services – un nombre qui pourrait doubler d’ici 2040 ,- permettre à ces personnes de se débarrasser de leurs plastiques pourrait réduire considérablement le problème.
Parmi les autres tactiques proposées par l’équipe, citons la réduction de la production plastique d’un tiers et le remplacement des plastiques par le papier et les matériaux compostables. Ils conseillent également d’augmenter la capacité de recyclage de 86 millions de tonnes par an, et de stopper les exports de détritus vers des pays pollueurs de 90%.
Récolte de plastique à Concarneau. Crédits : LUCAS SANTUCCI / ZEPPELIN NETWORK
D’après les chercheurs, si nous mettons en place toutes ces mesures immédiatement, il sera possible de réduire de 80% la quantité de plastique rejetée dans l’environnement d’ici 2040, par rapport au scénario “business as usual”.
Évidemment, des efforts colossaux devraient alors être déployés. Malgré tout, ces différentes interventions explorées sont toutes réalisables en utilisant des technologies existantes et déjà matures, assurent les chercheurs.
« La série d’approches que nous avons proposées est déjà à notre portée – mais elle nécessite la volonté politique, sociétale et corporative pour y parvenir, peut-on lire. Il n’y a pas de solution unique. Nous ne pouvons pas simplement dire que nous allons tout recycler ou utiliser moins de matériaux, nous devons adopter une approche holistique et examiner l’ensemble du système ».