"C'est De Rugy en plus souple" : qui est Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique chargée d'incarner le virage vert du gouvernement ?
"C'est un honneur d'aller au gouvernement, mais il faut regarder si on a les moyens d'agir", répondait il y a quelques jours à franceinfo Barbara Pompili. La nouvelle ministre de la Transition écologique du gouvernement de Jean Castex, nommée lundi 6 juillet, va donc pouvoir rapidement montrer si elle a les coudées franches pour aller au bout des nouvelles ambitions environnementales de l'exécutif. Elle remplace ainsi Elisabeth Borne qui a hérité du portefeuille du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion et devient la quatrième ministre au chevet de l'écologie du quinquennat, après les aventures écourtées de Nicolas Hulot et François de Rugy.
En écoutant Emmanuel Macron prononcer son discours devant la Convention citoyenne pour le climat, la députée LREM, alors présidente de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée, n'avait d'ailleurs pas caché sa satisfaction : "Je buvais du petit lait, j'entendais dans ce discours tout ce que j'avais envie d'entendre." Tout juste s'inquiétait-elle de l'ambition affichée par le président d'un projet de loi annoncé pour la fin de l'été : "C'est de la préparation, il y a les études d'impact à mener..."
"Elle connaît bien les dossiers et le Parlement"
En attendant, les députés LREM sensibles aux questions écologiques saluent l'arrivée de leur collègue au poste de numéro 3 du gouvernement. "L'arrivée de Barbara Pompili est formidable, car elle incarne une forme de militantisme concret. Je rends hommage au travail des prédécesseurs mais l'écologie, c'est souvent une question d'arbitrages", réagit la députée LREM Mireille Clapot.
Originaire du Pas-de-Calais, Barbara Pompili est diplômée de l'Institut d'études politiques de Lille. Cette mère de famille de 45 ans a fait ses débuts en politique au sein des Verts, puis d'Europe Ecologie-Les Verts, avant de rejoindre Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle de 2017. "Elle a toute légitimité pour porter les sujets environnementaux, elle connaît bien les dossiers et le Parlement, ce qui lui permet d'être opérationnelle tout de suite", se félicite la députée LREM Bérangère Abba. L'élue de Haute-Marne ajoute que le discours du soir du Premier ministre Jean Castex devant les députés de la majorité allait également dans le bon sens. "Il souhaite une transition écologique qui passe par des projets portés sur les territoires."
Barbara Pompili s'est distinguée sur plusieurs dossiers ces derniers mois à l'Assemblée nationale. La députée a notamment réclamé, avec d'autres élus de la majorité, une interdiction "le plus rapidement possible" du glyphosate. Elle a également proposé des "expérimentations" dans les territoires pour une "sortie des phytosanitaires", avec une aide financière de l'Etat. Elle s'est également engagée dans la "lutte contre les passoires énergétiques" et pour les circuits courts en matière agricole. Elle va pouvoir désormais mettre en œuvre ces différents chantiers au sein du ministère.
"Emmanuel Macron a retenu la leçon Hulot"
Du côté des associations écologistes, on se montre plus prudent au sujet de l'ancienne secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité de François Hollande, qui se dit régulièrement partisane d'une écologie "pragmatique". "On ne doute pas de ses convictions, maintenant, quelle place va-t-elle réussir à occuper au sein de ce gouvernement-là ?" se demande sur franceinfo Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. Ce dernier espère qu'elle "fera mieux que les ministres précédents" : "On a quelques doutes, mais on lui accorde le bénéfice du doute."
"On le sait, un ou une écologiste dans un gouvernement qui n'est pas écologiste aura du mal à peser", a également estimé Julien Bayou sur Twitter. "Espérons qu'elle fasse mieux que lors de son passage comme secrétaire d'Etat à la Biodiversité sous Hollande. Assez de discours, des actes." Pour l'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage, "Barbara Pompili, c'est François de Rugy bis, en plus souple". L'ancienne députée EELV va donc devoir s'atteler à convaincre sur sa capacité à agir.
"Je pense qu'elle sera meilleure communicante qu'Elisabeth Borne sans doute, qui avait du mal à incarner quelque chose, juge de son côté Chloé Morin, politologue associée à la Fondation Jean-Jaurès. Emmanuel Macron a retenu la leçon Hulot, c'est-à-dire qu'une incarnation ne fait pas un bilan. Il fait le pari inverse avec une vraie politique, mais qui n'a pas une incarnation délirante."