Après le débranchement du premier réacteur le 22 février 2020, le deuxième doit être arrêté mardi 30 juin.
L’arrêt historique de la centrale nucléaire de Fessenheim

Marquant la fermeture définitive de la doyenne du parc nucléaire français, dont le démantèlement durera vingt ans. Le territoire mise sur de nouveaux projets pour rebondir.

La centrale nucléaire de Fessenheim ne produira plus d’électricité le 30 juin. Après l’arrêt le 22 février de son réacteur n° 1 de 900 mégawatts, le deuxième (qui a subi un arrêt automatique imprévu lors d’un orage vendredi 26 juin mais devrait redémarrer), cessera à son tour de fonctionner mardi 30 juin. Son débranchement marquera la fin d’exploitation de la doyenne du parc français, mise en service en 1977.

Sa fermeture découle de la décision de l’État de ramener la part du nucléaire de 72 % actuellement à 50 % dans la production électrique du pays d’ici à 2035. Le gouvernement prévoit l’arrêt de douze autres réacteurs, tout en développant biomasse, éolien et solaire.

Fermeture très discutée

Le bien-fondé de la fermeture de la centrale fait toujours débat. Les pro-atome regrettant un  choix irresponsable , vantant la  sûreté  de l’installation et la  production d’énergie décarbonée . C’est à l’inverse un  grand soulagement  pour les écologistes, qui pointent  incidents de fonctionnement , installations  vieillissantes et vulnérables , risque  sismique …

Autre point souvent évoqué : le versement de 400 millions d’euros à EDF pour l’arrêt anticipé, plus des sommes variables représentant son manque à gagner. La Cour des comptes a adressé une mise en garde sur les coûts de la fermeture pour l’État.

Un démantèlement sur vingt ans

Le plan de démantèlement d’EDF débutera par une phase préparatoire de cinq ans. Il s’agit de  décharger les réacteurs, vidanger et dépolluer les circuits, démonter les parties non nucléaires, évacuer les combustibles usés d’abord refroidis trois ans en piscine… 

Le démantèlement lui-même est programmé entre 2025 et 2040. Le gros morceau étant la déconstruction des deux réacteurs à eau pressurisée, avant  de restituer un terrain vierge de contamination radiologique , selon la réglementation.

160 salariés EDF partent cet été

La centrale a généré 2 000 emplois directs et indirects. Environ 650 salariés EDF (avec 300 d’entreprises prestataires) y travaillent encore. Plus de 160 vont partir cet été. Soixante resteront en 2025 pour gérer les activités du démantèlement avec des sous-traitants.

Les agents EDF sont  redéployés sur d’autres sites, sinon entament une reconversion et d’autres partent en retraite , précise Alain Besserer, délégué syndical FO. Cette fermeture va peser à Fessenheim, entre départs d’habitants, impact sur les commerces et perte de recettes fiscales (6,6 millions par an). La cité de 2 400 âmes met en avant sa situation proche de Mulhouse et Colmar et un bon niveau d’équipements pour rebondir.

Reconversion économique longue

Pour attirer des entreprises, le territoire mise sur le projet franco-allemand de zone économique (baptisée EcoRhéna) au nord de la commune le long du Rhin, un développement du port fluvial, la réouverture d’une ligne ferroviaire entre Colmar et Fribourg (Allemagne)… Il n’y a malheureusement aucune perspective à court terme pour Fessenheim », regrette son maire Claude Brender. Une usine de biocombustible issu du bois est envisagée, avec plusieurs centaines d’emplois à la clé, « mais pas avant 2023-2024. 

EDF étudie aussi l’implantation d’un  technocentre  pour traiter des déchets métalliques issus de la déconstruction de centrales nucléaires. Un projet déjà combattu par les écologistes, voulant  tourner la page du nucléaire en Alsace .

Source: ouest-france.fr

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