Les vers de terre, alliés de l’agriculture mondiale, disparaissent de nos champs
Le ver de terre ne bénéficie d’aucune journée mondiale de protection, contrairement à la médiatique abeille. Pourtant cet animal est aussi en danger. « Sur les 46 espèces répertoriées, près de 40 % figurent sur la liste rouge des espèces en voie de disparition », notait, en début de semaine, une agence de protection de la nature allemande.
Parmi les menaces principales, l’étude de cet organisme de ce land allemand citait les monocultures, l’utilisation excessive de pesticides, la pollution des rivières, l’urbanisation des sols et le réchauffement climatique. Les nouveaux étés européens et leurs canicules à répétition sont particulièrement cruels pour les lombrics.
Pour fuir la chaleur, ils s’enfoncent plus profondément dans le sol, en espérant y trouver les 10-15° qu’ils affectionnent. « Les espèces dites de surface peuvent descendre jusqu’à sept mètres et sombrent dans une sorte d’hibernation estivale », explique Kathrin Kaltwasser, interrogée par l’agence de presse DPA.
42 % des champs britanniques manquent de vers
Au Royaume-Uni, les animaux fouisseurs ont carrément déserté certains champs. « 42 % des surfaces que nous avons étudiées avec les agriculteurs présentent de graves carences en vers de terre », relatait en février Peter Shaw, chercheur de l’université londonienne de Roehampton, dans la revue scientifique Plos One.
Un constat aussi grave que la disparition des insectes pollinisateurs, selon lui. Car s’il ne possède ni pattes ni yeux ni poumons, le lombric, doté de plusieurs cœurs, se révèle un allié infatigable de notre agriculture.
Un animal « bio-indicateur » de la fertilité des sols
En creusant des galeries, il retourne et aère la terre, ce qui freine le ruissellement des eaux. Ses déjections, fertilisantes, sont autant de promesses de meilleures récoltes. « Le ver de terre joue un double rôle dans la santé de nos sols, celui d’acteur et d’indicateur », précise Guénola Peres, de l’université Rennes 1, régulièrement citée par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, pour ses recherches sur ces animaux dits « bio-indicateurs » de la fertilité de nos champs.
Un rapport spécial du Giec attendu le 8 août
Le cas inquiétant du ver de terre devrait être évoqué dès ce vendredi, à Genève en Suisse, au siège de l’Organisation météorologique des Nations unies. Le Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (IPCC en anglais), doit présenter son rapport spécial sur le « changement climatique, l’utilisation des terres et la sécurité alimentaire ».
Les gouvernements de 195 pays ont quelques jours pour faire part de leurs remarques, avant que ce rapport scientifique ne soit rendu public, le 8 août.