L’Anses publie ce mardi une étude importante sur la pollution de l’air. Elle recommande de mieux surveiller les plus petites particules, de prendre en compte l’abrasion des freins et de trouver des alternatives à la voiture.
Pollution de l'air : pourquoi ça ne s'améliore pas vraiment

On a une vision de plus en plus nette des gaz et minuscules matières qui polluent notre air. Alors que la concentration de ces toxiques dans l'atmosphère est responsable en France de 48 000 morts anticipées par an, l'étude* publiée ce mardi par l'Anses (agence nationale sécurité sanitaire de l'alimentation de l'environnement et du travail) scanne les dernières avancées scientifiques sur le sujet. Commandé par le gouvernement, ce rapport fait également des propositions fortes pour mieux gérer la pollution automobile qui ne baisse pas si on prend bien en compte tous les paramètres.

Tenir compte des particules ultrafines

Cette fois, il ne s'agit plus du énième cri dans le désert d'un lanceur d'alerte : l'Anses réclame à la suite de nombreuses associations de mieux surveiller les particules ultrafines (PUF). Plus petites que les fameuses PM10 ou PM2,5, elles ne dépassent pas 0,1 micron. « Jusqu'en 2013, quelques études laissaient entendre le lien entre ces particules et des atteintes cardiovasculaires et les décès anticipés, l'association était moins évidente pour la santé respiratoire. Les études parues depuis ont confirmé ou renforcé le lien entre les PUF et ces trois problématiques », insiste Valérie Pernelet-Joly, chef d'unité des risques lié à la pollution de l'air de l'Anses.

pollution de l'air

Pourtant, il n'existe toujours pas de normes pour ces minuscules toxiques, donc pas de seuils d'alerte et personne pour les mesurer en continu dans les grandes agglomérations. « Nous réclamons une surveillance réglementaire depuis bien longtemps ! s'exclame Franck Olivier Torro, de l'association Respire. Sinon constructeurs et pouvoirs publics se targuent tranquillement de la diminution apparente de la pollution. Or c'est faux ! Les voitures émettent simplement des polluants plus petits qui passent sous les radars. »

L'Anses plaide dans le même sens. « Il faut que les directives européennes réglementent ces particules ultrafines », insiste Valérie Pernelet-Joly. Pour l'heure, les associations de surveillance de qualité de l'air comme Airparif pour l'Ile de France ou Atmo-Sud pour la région PACA ont bien développé des outils pour les comptabiliser, mais à toute petite échelle, à titre expérimental.

Freinage et pneus pèsent lourd

C'est nouveau, l'étude de l'Anses montre que la pollution routière ne sort pas uniquement des pots d'échappement, loin de là ! Il faut aussi compter avec les particules émises par le frottement des pneus contre la chaussée, ou lorsque les plaquettes de frein se pressent l'une contre l'autre… sans oublier toutes les minuscules poussières au sol redispersées dans l'air au passage des véhicules.

« On parle de substances baptisées aérosols inorganiques secondaires, d'ammonium, de sulfate, nitrate et même des métaux type fer ou zinc. C'est un enjeu important, pas encore assez pris en compte », pointe la pro des risques à l'Anses. « Les voitures électriques ne brûlent pas de carburant certes mais par ces moyens elles polluent autant si ce n'est plus, si elles sont plus lourdes à cause de leur batterie », fait-elle remarquer. Et si l'on lessivait la voirie à l'eau pour éviter qu'elles ne flottent dans l'air, ce serait efficace ? « Non, la seule façon de ne pas les rediffuser est de ne pas rouler », répond Valérie Pernelet-Joly. Selon elle, il faut impérativement que l'on tienne compte de ces critères. Notamment pour décider des restrictions de circulation qui excluent les voitures électriques.

Une seule solution, réduire le trafic !

Dans son étude, l'Anses a modélisé plusieurs scénarios du futur en utilisant l'Ile-de-France comme laboratoire. « Pas par parisianisme mais parce que c'est la région la plus peuplée », précise Valérie Pernelet-Joly. Par exemple, dans un premier scénario, tous les diesels sont équipés de filtres à particules. Dans un autre, les véhicules électriques se développent à vitesse grand V. A trafic constant, dans toutes ces projections, même les plus optimistes, la pollution baisse certes. Mais la concentration de toxique de l'air ambiant reste supérieure aux seuils fixés par l'OMS. C'est-à-dire que la teneur en gaz et les particules en suspension restent quoi qu'il en soit dangereuses pour la santé.

« Le levier principal est de réduire le trafic », martèle Valérie Pernelet-Joly. L'Anses préconise donc plus de transports en commun et quand c'est possible de remplacer le petit tour en voiture par une bonne marche ou quelques minutes à vélo.

 

* «Particules de l'air ambiant extérieur» avis de l'Anses, rapport de synthèse et de recommandation de l'expertise collective, juillet 2019.

Source: leparisien.fr

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