Pollution : la fertilité des femmes menacée ?
La fertilité des femmes, en danger à cause de la pollution ? C’est l’objet d’une étude italienne présentée à la Société européenne de reproduction humaine et d’embryologie, menée par l’Université de Modène et de Reggio D’Emilie. Et le constat n’est pas plus glorieux : la concentration en particules fines PM2,5 (issues de la circulation automobile, de la combustion du bois, du pétrole…) et en dioxyde d’azote aurait un impact direct sur la vie reproductive des femmes, en accélérant l’arrivée de la ménopause.
L’étude a été menée par une équipe de chercheurs sur dix ans, avec l’aide de 1300 femmes résidant à Modène, au nord de l’Italie. Pour l’expérience, la ville a été divisée en quatre zones distinctes classées selon leur niveau de concentration en particules fines (1 étant la concentration la plus faible et 4 la plus importante). Les chercheurs ont ensuite observé l’évolution du niveau des réserves ovariennes de ces femmes, déterminé par le taux d’hormones antimüllerienne (AMH) dans le sang. Pour faire simple, plus ce taux d’AMH dans le sang est faible, plus la réserve ovarienne l’est également.
L’étude a révélé que les femmes habitant la zone 4, soit la plus polluée de Modène, voyaient leurs taux d’AMH chuter non seulement avec l’âge, mais aussi deux à trois fois plus vite que les femmes les moins exposées aux particules fines. Certaines femmes atteignant même une concentration sanguine d’AMH extrêmement faible de 1ng/ml à l’âge de 30 ans, signe d’une ménopause très avancée. La pollution de l’air aurait donc des répercutions sur la fertilité des femmes.
Une étude à prendre avec des pincettes
Pour l’heure, on ignore encore si le phénomène est réversible. Par exemple, si l’une des femmes de la zone 4 venait à déménager, on ne sait pas si son taux d’AMH pourrait revenir à la normale un jour. Autre zone d’ombre, l’étude se base uniquement sur l’âge des femmes et la pollution, et exclue d’autres facteurs clés qui pourraient expliquer cette baisse importante d’AMH dans le sang. Des facteurs propres à chaque femme. A savoir la génétique, la consommation de tabac, la prise d’un contraceptif sur le long terme, mais aussi la prise de poids. Il faudra donc attendre que d’autres études de ce genre soient menées pour tirer une conclusion.
La pollution affecterait aussi la qualité des spermatozoïdes
Les hommes ne seraient pas épargnés par le phénomène non plus. Selon une étude taïwanaise de 2017, les testicules feraient parti des organes touchés par la pollution, au même titre que le cœur, les poumons, etc. Des chercheurs taïwanais et chinois ont mené l’enquête auprès de 6 000 hommes vivant à Taïwan, à la manière de l’étude italienne. Ceux habitants dans les régions les plus polluées étaient plus sujets à avoir d’avantage de spermatozoïdes anormaux. Mais là encore, le lien établi est fragile en raison de plusieurs biais possibles. Les chercheurs n’auraient pas tenu compte du lieu de travail de ces hommes et des effets nocifs liés à ce lieu, qui pourrait jouer sur la qualité des spermatozoïdes.