En France, trois enfants sur quatre respirent un air pollué selon l'Unicef
Dans un récent rapport dédié à l'impact de la pollution de l'air sur la santé des enfants en France, l'Unicef met en évidence l’urgence d’agir, à travers douze recommandations pour inverser la tendance. Car tous les jours, des millions d’enfants à travers l'Hexagone sont exposés à un air toxique, et pas seulement lors des pics de pollution.
En France, trois enfants sur quatre respirent un air dont la concentration en particules nocives dépasse les recommandations. Tel est le constat établi par l'Unicef France qui vient de lancer la campagne « Pour chaque enfant, un air pur ! » afin d'alerter sur les effets de la pollution de l’air sur cette population. Celle-ci s'accompagne d'un rapport publié à quelques jours de la Journée mondiale de la santé (07 avril). Rassemblant les données existantes sur un sujet encore trop peu documenté, le document a pour objectif d’alerter et d’informer les citoyens, mais aussi d’interpeller les pouvoirs publics sur la nécessité de prendre des mesures fortes pour préserver la santé de tous, et surtout des enfants.
Sur le chemin pour se rendre à l’école ou même dans la cour de récréation, les enfants inhalent des gaz et des particules qui peuvent entraver leur croissance pulmonaire, favoriser le développement de l’asthme, et rendre plus fréquents les rhumes, les bronchites et autres maladies. Car leur organisme est plus vulnérable que celui des adultes, en raison de l’immaturité de ce dernier et de la fréquence à laquelle ils respirent (une fois et demie plus élevée que celle des adultes). C'est pourquoi un grand nombre de pathologies qui prennent racine dès l’enfance et même dès le stade fœtal (asthme, allergies, eczéma, syndromes dépressifs, diabètes, obésité…) sont directement liées à la pollution de l’air.
Le trafic automobile, premier axe d'intervention
« Les pics de pollution sont mauvais pour la santé et ils provoquent une hausse des venues aux urgences pour des crises d’asthme. Il y a surtout une pollution de fond à laquelle nous et nos enfants sommes exposés en permanence et qui attaque notre organisme (poumons, circulation, cerveau, immunité). », explique la Pr Jocelyne Just, cheffe du service d’allergologie pédiatrique à l’Hôpital Trousseau, qui a contribué à rédiger ce rapport. Ce dernier rappelle que la principale source de pollution en villes est le trafic automobile, et que 63% des émissions d’oxyde d’azote y sont liées. Ainsi, vivre à proximité d’axes routiers importants provoquerait 15 à 30% de nouveaux cas d’asthme chez les enfants.
Sans compter que la majorité des lieux d’accueil pour enfants se trouvant à proximité d’axes routiers, leur exposition à un air pollué est accentuée. Une récente étude menée par l'association Respire a ainsi montré qu'à Paris, un établissement scolaire sur quatre se trouve dans un lieu dépassant régulièrement les normes européennes. Face à ce constat, l'Unicef France invite le gouvernement à agir en inscrivant les douze mesures figurant dans son rapport dans la loi d’orientation des mobilités (LOM), un texte qui vise notamment à « réussir la transition écologique » des modes de transport. Des recommandations jugées applicables aussi bien « au niveau national que local. »
Les parents comme les enfants doivent être mieux informés
« La pollution de l’air n’est pas irréversible si les décisions qui s’imposent sont prises aux niveaux national et local pour améliorer la qualité de l’air. La Loi d’orientation des mobilités est l’occasion de prendre des mesures concrètes. », ajoute Sébastien Lyon, directeur de l'organisme. La priorité est de généraliser les zones à faibles émissions (ZFE) autour des lieux accueillant des enfants : dans ces périmètres délimités, le trafic de voitures est réduit et les rues sont réservées aux véhicules les moins polluants. Selon l'Unicef, « ce dispositif existe dans de nombreuses villes européennes mais il est très peu utilisé en France alors que la moitié de la population pourrait être mieux protégée grâce à cela. »
Autre proposition mise en avant, le fait d'accompagner et soutenir financièrement les collectivités et les usagers, pour développer des solutions de mobilité plus propres (marche, vélo, transport en commun, covoiturage…) et ainsi « sortir de la dépendance à la voiture individuelle ». Les experts recommandent également de mieux sensibiliser la population aux risques de la pollution pour la santé des enfants, via des actions de sensibilisation, et de mettre fin à la commercialisation des voitures consommant du diesel et de l’essence d’ici 2030. A noter qu'en 2016, 91% de la population mondiale vivaient dans des endroits où les lignes directrices de l’OMS relatives à la qualité de l’air n’étaient pas respectées.