Le tribunal administratif de Lyon vient d’annuler l’autorisation de mise sur le marché de ce désherbant à l’usage des professionnels signé Bayer-Monsanto.
RoundUp Pro 360 – Appliquer le principe de précaution
C’est une question de « principe de précaution » face à un pesticide contenant du glyphosate. Pour la première fois, une juridiction française a décidé d’en interdire la mise sur le marché (1).
Le Roundup Pro 360 avait été autorisé en mars 2017 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Mais le tribunal a estimé que l’Anses avait commis une erreur d’appréciation, alors que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) avait classé le glyphosate de Monsanto « cancérogène probable » en mars 2015. L’agence, selon les juges n’a pas évalué le caractère cancerogène du produit en question ou sa dangerosité pour la reproduction.
C’est pourquoi, selon les juges, le Roundup Pro 360, qui comprend cette substance active, doit « être considéré comme une substance dont le potentiel cancérogène pour l’être humain est supposé ». Potentiellement, cette décision pourrait devoir s’appliquer à tous les produits de type Roundup, et à base de glyphosate. « La décision étant à effet immédiat, la vente, la distribution et l’utilisation du Roundup Pro 360 sont interdites à compter de ce jour », a donc annoncé l’Anses dans un communiqué.
Bayer, désormais propriétaire de Monsanto, s’est dit surpris par cette décision. Un communiqué de la firme renie le caractère dangereux du glyphosate en citant les avis des agences européennes, américaines et australiennes.
Le rapport d’évaluation, un vaste plagiat
Cette décision tombe au moment où, justement, le débat sur le glyphosate est relancé à travers l’Europe. En effet, selon un rapport commandité par des eurodéputés, de larges passages du rapport préliminaire d’expertise européen sur la toxicité de l’herbicide (plus de 4.000 pages publiées en 2017) ont en fait été directement plagiés.
Ce rapport d’évaluation du glyphosate avait servi de fondement pour ré-autoriser l’herbicide pour une durée de cinq ans. Or, l’Institut fédéral d’évaluation des risques allemand a littéralement recopié le dossier d’homologation du glyphosate transmis aux autorités européennes par la Glyphosate Task Force (GTF), dont fait partie Monsanto.
Selon le chasseur de plagiats autrichien Stefan Weber, les chapitres-clés de l’évaluation scientifique comprennent plus de 50 % de plagiats et 70 % de copier-coller…. Et c’est sur la base de ce document que les experts des États membres avaient conclu que le glyphosate ne posait pas de danger cancérogène…
Références :
http://lyon.tribunal-administratif.fr/content/download/152397/1543277/ve...