Effets de la pollution sur notre système immunitaire
En pic ou ambiante, la pollution est dangereuse pour notre santé respiratoire. Elle est à l’origine de nombreux dérèglements comme des crises d’asthme ou la survenue d’allergies.
Quinze mètres cubes: c’est le volume d’air qu’un adulte inspire en moyenne tous les jours. Et avec l’air, l’ensemble des polluants chimiques émis par l’activité humaine des grandes villes, des zones industrielles et des zones agricoles.
Si des travaux expérimentaux ont pu montrer chez l’animal que l’exposition à certains de ces polluants induisait des perturbations du système immunitaire, l’évaluation scientifique de leurs effets sur la santé humaine reste délicate: leurs concentrations atmosphériques varient selon les saisons et les circonstances climatiques, tout comme les durées auxquelles nous pouvons y être exposées.
Pics polluants
Au printemps, les particules fines (PM10 et PM2,5), couplées avec les pollens, augmenteraient plutôt le risque de manifestations allergiques ou cardiovasculaires et en été, pour peu qu’il soit ensoleillé, l’ozone, ce gaz très irritant, celui d’inflammation des voies respiratoires. Mais, en dehors des fameux «pics» de pollution, dont on cherche à éloigner les individus les plus fragiles (enfants, femmes enceintes, personnes âgées et malades chroniques), la pollution de fond, tout au long de l’année, insidieuse, n’épargne personne.
Lors des pics de pollution, on constate un plus grand nombre d’hospitalisations pour crise d’asthme, infarctus ou AVC. «Mais il s’agit plutôt d’une exacerbation de maladies chroniques respiratoires ou cardiovasculaires déjà présentes», précise le Pr Jocelyne Just, chef de service d’allergologie pédiatrique à l’hôpital Trousseau, à Paris, et présidente de la Société française d’allergologie. Cela dit, plus les femmes enceintes y sont exposées, plus elles ont de risques de mettre au monde un bébé qui développera de l’asthme et/ou des allergies au cours de l’enfance.
Malade à cause de la pollution
«La pollution de fond, elle, entraîne chez les enfants, et c’est prouvé, un ralentissement de la croissance pulmonaire, susceptible de créer de l’asthme ou des allergies», explique la spécialiste. Des études de cohorte, où l’on a pratiqué des explorations fonctionnelles respiratoires, ont montré une moins bonne compétence respiratoire chez les enfants exposés.La pollution peut aussi, lorsqu’on y est exposé longtemps, devenir pathogène.
«En irritant les voies aériennes, elle entraîne une inflammation chronique qui peut vous rendre allergique à ce que vous supportiez jusqu’à présent (les pollens par exemple) et pourrait suffire à vous provoquer une crise d’asthme ou à exacerber vos allergies…», précise le Pr Just.
La pollution, qu’elle soit en pic ou de fond, peut donc nous rendre malade. Pour l’heure, les seuls moyens d’en limiter les dégâts sont «en cas de pollution importante, de ne pas faire d’efforts à l’extérieur, car plus vous respirez vite, plus vous inhalez de polluants», conseille l’allergologue. Qu’aucune mesure réelle ne soit prise pour la réduire (en France, les valeurs moyennes annuelles d’exposition aux particules fines étaient encore en 2015 le double des normes limites fixées par l’OMS) en dit long sur le peu de cas que les pouvoirs publics font de notre santé respiratoire…