Du champ au consommateur, des initiatives fleurissent pour réduire cette empreinte écologique mais sont freinées par un manque de synergies.
Augmentation rapide de la filière agroalimentaire en France

Afin de limiter son impact sur l’environnement, la filière agroalimentaire, de l’agriculture aux distributeurs, teste de nouveaux modèles.

Gaz à effet de serre, érosion des sols, réduction de la biodiversité... La phase de production des matières premières agricoles concentre l'essentiel de l'impact environnemental de la filière agroalimentaire. Du champ au consommateur, des initiatives fleurissent pour réduire cette empreinte écologique mais sont freinées par un manque de synergies.

Parmi ces initiatives, un ensemble de pratiques agricoles, souvent rassemblées sous le terme d'« agroécologie », a vu le jour depuis la fin du XXe siècle en marge du système d'exploitation conventionnel, remettant notamment en cause la tendance à la monoculture et à l'utilisation intensive d'intrants chimiques. « L'agroécologie a pour double objectif de désartificialiser le milieu tout en laissant s'exprimer le fonctionnement naturel des écosystèmes », explique Jean-Roger Estrade, professeur d'agronomie à l'Inra.

Des défis techniques et culturels

Ces nouvelles méthodes ne concernent cependant aujourd'hui que 20 % des exploitations françaises. En effet, les agriculteurs tentés de les adopter sont notamment confrontés à un manque de références techniques. « C'est une agriculture innovante. Il faut expérimenter et accepter de se lancer avec plus d'incertitudes », reconnaît Fabien Labrunie, président de l'association Base (Biodiversité, agriculture, sol et environnement), qui regroupe aujourd'hui un réseau de près de 1.200 exploitants convertis à l'« agriculture de conservation » et désireux de mettre en commun leurs apprentissages.

 

AGRICULTURE DE CONSERVATION, QUÉSAKO ?


L'agriculture de conservation est un système de production agroécologique qui s'inspire de la nature, en plaçant le sol au coeur du système. Elle vise à protéger et augmenter la fertilité du sol par une réduction voire un abandon du travail de la terre, la pratique du semis direct, la mise en place d'un couvert végétal sur les parcelles et une utilisation raisonnée d'intrants chimiques.

 


Le blocage n'est d'ailleurs pas seulement matériel, il est aussi culturel. « Reconnaître avoir décidé de faire pousser du colza sans travailler la terre n'est pas une chose évidente pour un agriculteur... Le système français repose sur ce principe », ajoute Benoît Lavier, président de l'Apad (Association pour la promotion d'une agriculture durable), autre association de promotion de l'agriculture de conservation, dont l'un des objectifs est de faire reconnaître ce mode de production auprès des pouvoirs publics. « Nous souhaitons que ce système, qui a fait ses preuves économiquement, soit davantage encouragé aux niveaux national et européen par la mise en place de réglementations », affirme-t-il. L'agroécologie n'est donc pas un mouvement pouvant se limiter à la seule phase de production agricole. Pour se développer, il doit concerner de fait tous les autres échelons de la filière agroalimentaire.

Timide alignement des industriels

Du côté des entreprises industrielles qui transforment ces matières premières, ces pratiques en rupture avec le système agricole traditionnel sont pourtant encore assez inégalement mises en valeur. Spontanément, ces dernières tendent à concentrer leurs efforts sur l'impact direct des usines et des réseaux logistiques, plus qu'à collaborer avec leurs fournisseurs dont l'empreinte environnementale est pourtant bien plus élevée.

Quelques pionniers ont néanmoins pris ce virage. Le biscuitier LU a ainsi instauré en 2008 sur sa filière blé la charte LU Harmony, contractualisant avec quelque 1.700 agriculteurs la mise en place de parcelles fleuries en bordure des champs pour abriter les insectes pollinisateurs ou encore de cultures intermédiaires pour protéger le sol pendant l'automne.

Lutte anti-gaspillage et circuits courts

A l'autre bout de la chaîne, restaurateurs et distributeurs prennent eux aussi progressivement part à cette évolution. La chaîne de fast-food McDonald's a par exemple lancé en 2010 un plan d'expérimentation de pratiques innovantes dans 80 fermes et parcelles de références afin d'évaluer leur efficacité environnementale et économique.

L'enseigne Intermarché s'appuie quant à elle sur son statut de producteur-commerçant depuis 2014 pour lutter contre le gaspillage alimentaire en mettant en vente à prix cassés ses « fruits et légumes moches », n'entrant habituellement pas dans les normes de calibrage des grandes surfaces.

Le consommateur final détient, enfin, le dernier mot. De multiples initiatives issues de la société civile vont dans le sens de la transformation agroécologique. En témoigne le mouvement citoyen des Amap (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne) né en 2001, qui favorise les circuits courts en mettant en relation des individus avec des fermes de proximité dans une logique d'agriculture durable. Mais les consommateurs engagés restent encore minoritaires. En cause, « la peur d'une hausse des prix mais aussi une sous-estimation du rôle fondamental de l'alimentation sur la santé », évalue Didier Livio, responsable RSE chez Deloitte. « Il faut une massification du mouvement afin de donner un véritable coup d'accélérateur à cette transition ! »

Source : lesechos.fr

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