Si Hulot est un bon choix ?
La nomination de Nicolas Hulot au ministère de la transition écologique et solidaire : un coup de com ou une vraie prise en compte ?
Certains acclament cette nomination, d'autres sont d'ores et déjà plus sceptiques. Il y a de quoi : le premier ministre est un ancien d’Areva, Hulot a changé d’avis plusieurs fois sur le nucléaire, et, de façon générale, le parti politique En Marche n’est pas vraiment en faveur des animaux.
D’ailleurs, on pourra s’interroger sur le nom du ministère, qui n’est ni « Ministère de la nature », ni « Ministère de l’Environnement », ni même « Ministère de l’Ecologie », mais bien transformée en « Ministère de la transition écologique et solidaire ». Mais de quelle transition parle-t-on ? Et de quelle solidarité ? Va-t-on accélérer le principe du pollueur payeur qui donne droits à des permis de polluer et de détruire moyennement argent ? Cela va stopper quelques projets mais les gros projets, portés par des grosses sociétés, pourront sans problème payer les notes tout en valorisant leur image, au détriment de la nature, bien évidemment. Car dès le départ, il a été dit que ce principe pouvait largement être détournés si aucun contrôle indépendant n’était mis en place : facile de creuser une mare artificielle en détruisant un milieu humide, la mare ne compensant en rien la perte de l’habitat naturel.
Alors, cette nomination, que vaut-elle ? L’action EDF a chuté à cette nomination, mais elle a repris depuis. Pour le reste, pour le moment, Hulot a dit que la centrale de Fessenheim (la plus vieille de France) sera fermée, et que des alternatives existent pour l’aéroport de Notre Dame Les Landes.
Mais ces dossiers traînent depuis plusieurs années ! La centrale de Fessenheim devait être fermée avant la fin du mandat de Hollande, quant à l’aéroport, il est envisagé depuis 1963, avec une opposition dès 1972 ! Ce ne sont pas des paroles ni des discours qui vont changer ces situations.
Pour le reste, qu’espérer de Nicolas Hulot ? 3 visions sont possibles :
- Un scénario à la Bricq. Vous ne savez pas qui c’est ? Mais si, souvenez-vous ! Nicole Bricq, c’était la ministre de l’Ecologie du gouvernement Ayrault, sous Hollande. Si si, tout du moins, du 16 mai 2012 au… 21 juin 2012. A peine plus d’un mois. Pourquoi si peu de temps ? Car le 13 juin, elle avait annoncé la suspension de tous les permis de forages exploratoires d'hydrocarbures au large de la Guyane : une semaine après, la voilà remplacée ; le ton était donné, pas d’écologie au Ministère de l’écologie ! Le Ministère de la transition écologique et solidaire sera-t-il du même ressort ?
- Un scénario à la Royal, et aux nombreux autres ministres précédents : du brassage de vent, des beaux discours mais aucune action concrète en faveur de l’environnement, ou pire encore, en sa défaveur. Les 47 loups tués sur les 36 prévus pour l’année 2016-2017 vous le confirmeront
- Un scénario tout à fait inédit, avec une réelle prise en compte de la nature.
Pour ce dernier scénario, 3 grosses lignes pourront voir le jour :
- soit un changement radical dans tout les domaines chauds de l’environnement : grands prédateurs, élevage, agriculture, nucléaire, énergies renouvelables, artificialisation des sols, chasse, nuisibles, etc.
- Soit un changement intermédiaire avec quelques avancées dans quelques domaines.
- Ou alors un changement restreint pour un ou deux domaine(s).
Dans tout les cas, ce dernier scénario ne pourra être que bénéfique pour l’environnement, mais peu importe nos attentes et nos espoirs : seul des actions concrètes auront le dernier mot.
Pour l’instant, Nicolas Hulot au gouvernement peut être une bonne chose, mais si et uniquement si il n’est pas mains et bras liés par les différents lobbys et autres ministres, mais aussi si et uniquement si il désire réellement œuvrer en faveur de l’environnement. Mais au vu de la composition du gouvernement, il serait peut-être temps d’arrêter d’être naïfs.
Source : agoravox.fr