La "ligue de protection des vers de terre" : en quoi ces animaux en danger sont-ils essentiels ?
L'agronome de Haute-Vienne Christophe Gatineau souhaite inscrire dans la loi... les vers de terre ! Selon lui, ces animaux essentiels à la biodiversité doivent être protégés au même titre que les insectes pollinisateurs. En quoi sont-ils menacés ? Quel est le rôle des ces animaux dans la chaîne alimentaire ?
Protéger l'habitat du ver de terre
C'est après huit ans de travail que Christophe Gatineau a fait cette proposition étonnante, au cours d'une interview réalisée le 23 avril dernier chez nos confrères de France Bleu Limousin. "Aujourd'hui, les vers de terre n'existent pas dans la loi", a-t-il constaté. Par ailleurs, il avait lancé la veille, le 22 avril, à l'occasion du jour de la terre, la "Ligue de protection des vers de terre" !
L'agronome haut-viennois Christophe Gatineau lance la "Ligue de protection des vers de terre"
— France Bleu Limousin (@FBLimousin) April 23, 2024
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L'enjeu, selon l'agronome, est de protéger cet animal essentiel dans la chaîne alimentaire. Dans son interview, il précise qu'il s'agit de protéger son habitat, dans une sorte de cercle vertueux. En effet, de l'habitat du ver de terre vient notre alimentation : le protéger, c'est donc aussi "préserver notre alimentation et ceux qui la produisent".
Quel est donc le rôle concret du ver de terre ? Il est en fait "essentiel dans la fabrication de la terre" qui sert de base à notre nourriture. Le ver de terre creuse des galeries, ce qui permet à l'eau et à l'air de s'infiltrer, des éléments nécessaires à la croissance des plantes. "Sans sol, il n'y a pas de nourriture", ajoute Christophe Gatineau.
Ces galeries permettent également à l'eau de mieux s'infiltrer : cela limite à la fois les inondations mais aussi les ruissellements. Or, quand l'eau ruisselle sur des parcelles agricoles, elle emmène avec elle la terre, ressource essentielle. Le ver de terre est donc crucial pour l'état des sols mais aussi pour atténuer les effets du réchauffement climatique (par exemple le risque accru d'inondations).
Le terrible impact des pesticides...
Pourtant, les vers de terre sont en danger, notamment dans les endroits où l'Homme a le plus besoin d'eux : dans les sols cultivés. Selon Christophe Gatineau, la diminution de la population de vers de terre est directement liée à "l'arrivée de la chimie dans l'agriculture", autrement dit aux pesticides. Le comble, quand on sait que l'absence de vers de terre menace l'avenir des sols agricoles...
Comment je suis devenu à mon insu le porte-parole des vers de terre ▶️https://t.co/azwq9V1HwL pic.twitter.com/XiaGoJ0TIe
— Christophe Gatineau (@gatineau_ch) February 18, 2024
Un fongicide, repéré par l'Anses (l'Agence nationale de sécurité sanitaire) qui avait d'ailleurs lancé une alerte, avait été mis sur le marché en 2000 alors que tout le monde connaissait sa mortalité à 100% pour les vers de terre, rappelle Christophe Gatineau. Interdit en 2018, ce fongicide aurait directement participé à l'effondrement de la population de ces animaux essentiels.
Essentiels certes, mais sans existence juridique : c'est pour cela que Christophe Gatineau souhaite les inscrire dans la loi, au même titre notamment que les insectes pollinisateurs.
Cela pourrait permettre d'"évaluer la toxicité des pesticides" pour ces animaux (sans loi, c'est difficile, comme on l'a vu en 2000) et exigera des tests des fabricants. Finalement, cela sera bénéfique à l'agriculteur, qui pourra ainsi choisir le pesticide le moins toxique pour la vie de son sol...
Source: tameteo.com