À partir de jeudi 28 juillet, et pour le reste de l’année 2022, les habitants de la Terre vivront à crédit sur les ressources naturelles de la planète. C’est ce qu’on nomme le jour du dépassement (ou overshoot day en anglais), il est calculé et déterminé à partir de l’empreinte écologique.
Jour du Dépassement planétaire, et la France dans tout ça ?

Cet indicateur mesure la biocapacité, c’est-à-dire les surfaces et les ressources naturelles, exprimées en hectares globaux (gha), nécessaires à une personne pour vivre en fonction de son pays et donc de son niveau de vie. Le 28 juillet prochain, alors que nous entamons seulement la 2ème moitié de l’année, l’humanité aura consommé la totalité des ressources que la Terre peut générer en une année. En 1970, ce jour tombait le 29 décembre, en 2021, c’était le 29 juillet.

Année après année, le même constat se répète : l’humanité ne parvient pas à réduire son empreinte écologique. La France ne fait pas exception. Même si les 67 millions d’habitants du pays ne représentent que 0,84 % de la population mondiale, l’empreinte écologique tricolore est loin d’être négligeable.

L’empreinte écologique de la France ?

Pour la France, en 2022, le jour du dépassement date du 5 mai dernier, il y a donc plus de 2 mois. Ce qui signifie donc que le mode de vie moyen d’une Française ou d’un Français possède une plus grande empreinte écologique que la moyenne mondiale. Selon le Global Footprint Network, l’ONG qui élabore l’empreinte écologique, la France est en déficit de 88 % sur sa biocapacité. Ainsi, pour ne pas épuiser les ressources naturelles renouvelables, un Français ne devrait pas consommer plus de 2,7 gha, pourtant il en consomme actuellement 4,6 gha. Il est intéressant de constater que sur le temps long, l’empreinte écologique française par personne a diminué, elle était à son maximum 7,2 gha en 1973, soit au moment du choc pétrolier. Depuis, elle diminue progressivement, ce qui peut en partie s’expliquer par le recours massif à l’énergie nucléaire pour produire l’électricité en France.

L’évolution des dates du jour du dépassement mondial en infographie DR WWF France/Global FootPrint Network

En revanche, l’empreinte écologique qu’elle soit mondiale ou française demeure trop élevée. « La sécurité des ressources écologiques est en train de devenir un paramètre essentiel de la puissance économique. Il est dans l’intérêt de chaque ville, entreprise ou pays de protéger sa propre capacité à fonctionner dans un monde rendu de plus en plus prévisible par le changement climatique et les limites intrinsèques de ces ressources », affirme Mathis Wackernagel, fondateur de l’ONG Global Footprint Network.

Quelles solutions pour réduire l’empreinte écologique et faire reculer le Jour du Dépassement ?

La relation entre la consommation et l’empreinte écologique est assez directe. L’agriculture intensive reste un des principaux facteurs puisque, selon le WWF France, « la moitié de la biocapacité de la planète (55 %) est aujourd’hui utilisée pour nourrir l’humanité. » Or, bien que les modèles agricoles diffèrent, l’agriculture intensive et l’élevage ont une empreinte écologique importante. L’ONG souligne que : « notre modèle en Europe est particulièrement responsable de cette surconsommation, où la viande tient une place disproportionnée dans notre alimentation ».

En effet, une proportion considérable des cultures céréalières et des terres agricoles gagnées par la déforestation servent avant tout à nourrir l’élevage tandis que la famine et la sous nutrition persistent.

Infographie sur le jour du dépassement par l’ADEME DR ADEME

« À partir d’aujourd’hui, Jour du dépassement, l’humanité entre dans le rouge et creuse sa dette écologique. Nous connaissons les causes de ce dépassement, avec une économie dopée aux énergies fossiles et un système agricole et alimentaire industriel polluant. Nous en vivons les conséquences avec des feux de forêts dramatiques, des vagues de chaleur invivables ou des inondations hors norme. Et nous avons des solutions pour faire reculer la date par des régimes alimentaires moins carnés, des modes de productions agro-écologiques et la protection des écosystèmes naturels. Alors si cette journée marque une fois de plus nos esprits, en arrivant si tôt dans l’année, elle doit maintenant engager un passage massif à l’action. Il est grand temps de se réveiller et de déployer les solutions, chacun à son échelle. À nous d’agir au quotidien ! Aux décideurs de changer de modèle ! », déclare Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes au WWF France.

L’ADEME (Agence de la transition écologique), quant à elle, rappelle les impératifs de sobriété afin de parvenir à réduire l’empreinte écologique, « notre exercice de prospective Transition(s) 2050 montre 4 chemins pour atteindre la neutralité carbone. Les scénarios 1 et 2, qui reposent principalement sur la sobriété, consomment moins de matières, d’eau ou encore de sols et permettent donc de retarder ce jour du dépassement. Consommer au plus près de nos besoins diminue notre empreinte environnementale, essentiel dans un contexte où la population mondiale atteindra 8 milliards d’habitants d’ici 4 mois », affirme Jean-Louis Bergey de la direction Exécutive Prospective et Recherche (DEPR) de l’ADEME.

L’agence appelle ainsi à lutter contre toutes les formes de gaspillage, dont le gaspillage alimentaire qui représente 50 kg de nourritures par an et par personne en France, en développant l’économie circulaire ou encore en renouvelant moins souvent les objets comme les vêtements ou les appareils électroniques, en privilégiant les services plutôt que la possession ou la seconde vie des biens.

L’ADEME résume ainsi la philosophies de telles démarches plus que jamais nécessaires : « dans une optique de sobriété, de nouveaux modèles de production et de consommation émergent. Désormais il ne s’agit plus de produire/utiliser /jeter mais de produire en impactant le moins possible la planète/d’utiliser au plus juste de nos besoins et le plus longtemps possible/de réutiliser ou valoriser tout ce qui peut l’être à la fin de vie des objets. Ce modèle porte un nom : l’économie circulaire. »

Source: www.goodplanet.info

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