46 % des établissements de production ou de commerce de foie gras contrôlés présentaient une anomalie dans le dernier rapport de DGCCRF.
Foie gras : un fabriquant sur deux ne respecterait pas les règlementations

Le nouveau rapport de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) dévoile de nombreux manquements réglementaires concernant un produit iconique de la gastronomie française : le foie gras.

« Malgré quelques progrès, un contrôle sur deux aboutit à la constatation d’une ou plusieurs anomalies », annonce le service du Ministère de l’Economie et des Finances, après une enquête publiée le 4 avril dernier.

En 2019, une précédente étude avait déjà relevé que 31 % des établissements contrôlés présentaient au moins une anomalie, comme un surplus d’eau et un non-respect des réglementions dans la composition.

Cette fois, la DGCCRF a élargi ses contrôles à des produits dérivés « à base de foie gras » : mousses, pâté, parfaits, galantines, des préparations qui contiennent entre 20 et 75 % de matière première.

Les enquêteurs ont ainsi ciblé 50 établissements français : exploitations agricoles, commerces (détail, gros, en ligne…) et établissements industriels. Résultat : 46 % d’entre eux présentaient une anomalie.

Ingrédients et traçabilité

Ces anomalies concernent d’abord les ingrédients présentés sur les étiquettes. La présence d’additifs non autorisés comme le nitrate de potassium a été relevée, mais aussi l’inscription d’informations trompeuses et l’absence de pourcentage des composants.

Sur 18 prélèvements de bloc de foie gras et 8 produits « à base de foie gras », 6 contenaient « une humidité excessive ». Un bloc et un produit à base de foie d’oie contenaient même un taux supérieur à 1 % de… canard.

« Substitution du canard à l’oie, non-respect des critères physico-chimiques réglementaires tels que le poids, la graisse et l’absence de corps étranger » : en tout, 11 produits sur les 18 comportaient une irrégularité.

L’origine du foie gras a également fait l’objet d’une particulière attention.

Pour l’un des produits, comportant la mention « origine France », « il n’a pas été possible de s’assurer de la véracité de cette information du fait de l’absence de procédure de traçabilité mise en œuvre par l’opérateur » précise le rapport.

Selon les réglementations en vigueur, seul le lieu de fabrication (transformation, cuisson, etc.) doit être indiqué sur le produit. Or d’après les enquêteurs de la DGCCRF, « la filière de transformation a de plus en plus recours à l’introduction de foies gras d’origine UE (Hongrie, Bulgarie) pour compléter les volumes. » Et ce, même avec la mention : « Origine France ».

En revanche, l’indication géographique protégée (IGP) permet de savoir d’où provient l’animal. Le « Canard à foie gras du Sud‐Ouest » par exemple est forcément issu d’un canard élevé, abattu et transformé dans cette région française.

Le respect de ces labels a enfin été vérifié par les enquêteurs. Ces derniers ont constaté que le cahier des charges de l’IGP, mais aussi Label rouge, n’étaient pas toujours respectés.

Méconnaissance des réglementations

« Le taux global d’établissements en anomalie est très supérieur à celui constaté en 2018 et en 2014. Certains professionnels maîtrisent mal les réglementations nationales ou communautaires applicables à leurs produits » annonce le rapport.

C’est surtout vrai pour les produits « à base de foie gras » dont le taux de non-conformité atteint 75 %, contre 28 pour les produits non transformés comme les blocs de foie gras.

Pour les petits producteurs et revendeurs, la DGCCRF met ces manquements sur le compte de la méconnaissance. « Certains petits revendeurs ignorent les normes d’étiquetage et notamment les obligations réglementaires pour la vente par correspondance » précise-t-elle.

« De même, certains petits transformateurs méconnaissent les règles de composition associées aux dénominations autorisées pour les préparations à base de foie gras. »

Par exemple, les produits présentés comme « pâté au foie gras » et « mousse au foie gras » ne respectaient pas le pourcentage nécessaire de matière première, 20% selon la réglementation.

Parmi les établissements fautifs, 22 ont reçu un avertissement, 7 une injonction. « L’enquête a permis de sensibiliser les professionnels aux exigences réglementaires et de les rappeler à leurs obligations d’autocontrôle en matière de loyauté« , rappelle l’autorité.

Pour les manquements plus graves, un procès-verbal administratif et deux procès-verbaux pénaux ont été transmis au parquet.

Ces écarts de conduite sont à mettre en lien avec les crises à répétition que subit la filière aviaire. En plus de la guerre en Ukraine qui a fait bondir les prix d’importation des graines pour l’alimentation des palmipèdes, le secteur fait face depuis 7 ans aux différents épisodes d’influenza aviaire. L’abattage préventif de millions de canards et d’oies pour endiguer le virus a fait chuter la production de foie gras en France. Elle était de plus de 19 000 tonnes en 2015 pour descendre sous les 12 000 tonnes en 2021.

Source: euractiv.fr

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