La destruction a touché toutes les routes principales ainsi que les réseaux d’électricité et de télécommunication. Le nord de Gaza n’est désormais plus habitable, ayant perdu toutes les conditions essentielles à la vie. Les habitants y jettent un dernier regard avant de le quitter, le cœur lourd, en attendant sa réhabilitation.
La destruction méthodique opérée par Israël à Gaza a anéanti l’ensemble des infrastructures et des moyens de subsistance dans l’enclave.
Une nouvelle étude révèle que les millions de tonnes de décombres engendrés par l’agression israélienne contre la bande de Gaza pourraient produire plus de 90 000 tonnes de gaz à effet de serre. Le traitement et l’évacuation de ces déchets pourraient prendre jusqu’à 40 ans.
Selon cette étude, la destruction systématique des maisons, écoles, hôpitaux et infrastructures palestiniennes à Gaza entre octobre 2023 et décembre 2024 a généré pas moins de 39 millions de tonnes de gravats en béton.
Le transport de ces débris jusqu’aux sites de déversement nécessiterait au minimum 2,1 millions de trajets en camions-bennes, parcourant environ 29,5 millions de kilomètres.
Publiée dans la revue Environmental Research: Infrastructure and Sustainability, cette recherche s’inscrit dans un mouvement croissant visant à intégrer les coûts climatiques et environnementaux de la guerre et de l’occupation, y compris les dommages durables infligés aux terres, aux sources d’eau et d’alimentation, sans oublier les étapes de nettoyage et de reconstruction post-conflit.
Réalisée par des chercheurs des universités d’Édimbourg et d’Oxford au Royaume-Uni, l’étude estime que le simple traitement des décombres équivaudrait à faire 737 fois le tour de la Terre en voiture, et produirait à lui seul près de 66 000 tonnes de dioxyde de carbone (CO₂).
Les chercheurs ont utilisé des outils open source avancés de télédétection pour détecter et analyser les émissions liées au conflit. Il s’agit de l’étude la plus détaillée à ce jour sur le coût carbone et logistique du traitement des débris, lesquels dissimulent des milliers de corps non identifiés, des substances toxiques comme l’amiante, ainsi que des munitions non explosées.
Deux scénarios ont été analysés afin d’estimer la rapidité et l’impact climatique du traitement des débris non contaminés, qui pourraient potentiellement être réutilisés dans la reconstruction de Gaza.
En supposant que 80 % des gravats puissent être broyés, un parc de 50 concasseurs industriels — actuellement non autorisés à Gaza — mettrait un peu plus de 6 mois à effectuer ce travail, générant environ 2 976 tonnes de CO₂.
Mais avec un parc de 50 petits concasseurs, ceux utilisés principalement à Gaza, il faudrait plus de 37 ans pour traiter tous les gravats, avec à la clé environ 25 149 tonnes de CO₂ émises.
Dans ce scénario, la quantité de dioxyde de carbone générée par le transport et le broyage des décombres serait équivalente à l’empreinte carbone de l’expédition de 7,3 milliards de téléphones portables, selon les chercheurs.
Plus les décombres contaminés restent sur place, plus ils nuisent à l’air, à l’eau et à la santé des deux millions de Palestiniens déplacés, affamés et bombardés depuis maintenant 21 mois.
les effets de la destruction israélienne dans le quartier de Rimal, au nord-est de Gaza
Un écocide
» Les émissions de CO₂ générées par l’enlèvement et le traitement des décombres peuvent sembler minimes comparées au coût climatique global de la destruction à Gaza », explique Samer Abdelnour, auteur principal de l’étude et maître de conférences en gestion stratégique à l’Université d’Édimbourg. « Mais notre analyse détaillée met en lumière l’ampleur de la dévastation et le travail colossal nécessaire ne serait-ce que pour envisager une reconstruction. »
Il ajoute : « Combler le vide des émissions militaires est certes crucial, mais notre recherche peut aussi soutenir les décideurs palestiniens, les ingénieurs civils, les urbanistes et les travailleurs de terrain engagés à restaurer ce qui a été perdu, à rester sur place et à reconstruire. »
Pour Ben Neimark, maître de conférences à l’Université Queen Mary de Londres, le fait de se concentrer systématiquement sur les débris représente une approche novatrice. « Cela met en lumière les dégâts environnementaux laissés par les armées une fois la guerre terminée, des impacts souvent négligés. Ce travail offre un regard nouveau sur les images quotidiennes des ruines de Gaza, en les replaçant dans le cadre plus vaste des conséquences climatiques durables du conflit. »
La bande de Gaza s’étend sur 365 kilomètres carrés, et plus de 90 % de ses habitations y ont été endommagées ou détruites par les bombardements israéliens, tout comme la majorité écrasante de ses écoles, cliniques, mosquées et infrastructures.
L’étude a combiné des données open source sur la superficie et la hauteur des bâtiments, les dommages structurels et la topologie du réseau routier pour estimer la répartition des gravats à travers Gaza.
À partir de ces données, les chercheurs ont calculé le coût carbone du traitement et du transport des débris dans le cadre de la reconstruction, selon Nicholas Roy, coauteur de l’étude chargé de la collecte des données et de l’analyse.
Depuis le 7 octobre 2023, l’agression israélienne continue sur Gaza a provoqué des atrocités qualifiées par de nombreux rapports internationaux de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Elle a également causé une destruction massive, systématique et sans précédent de l’environnement, rendant sa restauration extrêmement difficile. Plusieurs experts qualifient ces actions de crime d’écocide, car elles visent délibérément les conditions de survie des générations futures : ressources en eau, terres agricoles, sol, zones résidentielles et air.
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