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Pourquoi investir dans l’adaptation aux changements climatiques ?

ifad.org. Le premier volume du sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été publié il y a quelques mois. Il confirme ce que nombre de spécialistes affirmaient depuis longtemps: le climat est déjà en train de changer à cause des activités humaines. Certains des effets de ces changements climatiques sont déjà irréversibles et d’autres seront inévitables. Selon les estimations, le réchauffement planétaire atteindra 1,5 °C au cours des 20 prochaines années.

De nombreuses personnes dans le monde, et notamment les petits producteurs agricoles, font face à des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents.

Alors que les dirigeants mondiaux s’apprêtent à se réunir à l’occasion de la COP 26 (ou vingt‑sixième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques), nous avons répondu à certaines des questions sur les raisons pour lesquelles il faut aider les populations rurales les plus pauvres du monde à s’adapter aux changements climatiques et sur les moyens d’y parvenir.

Pourquoi les petits producteurs doivent-ils s’adapter aux effets des changements climatiques?

Les changements climatiques ont des répercussions profondes sur la production agricole. Les rendements des cultures diminuent, les périodes de croissance se décalent et l’eau douce se raréfie.

Les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les tempêtes et les sécheresses, dévastent les cultures, causent la mort du bétail et détruisent les infrastructures. On estime que les changements climatiques vont réduire les rendements des cultures de base de 50 à 90% en Afrique australe d’ici 2050. La population mondiale augmente et la désertification entraîne la disparition des terres arables. Dans le Sahel par exemple, la désertification cause chaque année la perte de millions d’hectares de terres.

Ces phénomènes sont dévastateurs pour les petits producteurs, qui n’ont pas les moyens de s’adapter ou de compenser les pertes. Ils se traduisent par davantage de faim et de pauvreté, des troubles civils et des conflits, et poussent les populations à migrer en quête d’une vie meilleure ailleurs.

N’est-il pas préférable d’atténuer les changements climatiques plutôt que de s’adapter à leurs effets?

Prendre des mesures d’atténuation et réduire rapidement les émissions mondiales de gaz à effet de serre est, bien sûr, essentiel. Sinon, nous risquons d’aggraver les changements climatiques et donc de faire face à une situation dans laquelle les mesures d’adaptation seront encore plus urgentes et plus coûteuses. 

Mais dans les pays en développement, la stratégie doit être différente. Dans ces pays – où se trouvent la plupart des petits producteurs agricoles du monde –, les populations souffrent déjà des effets des changements climatiques. Par exemple, dans la région rizicole de Haor au Bangladesh, des crues soudaines et dévastatrices de plus en plus fréquentes détruisent les récoltes et le bétail. 

Il est donc tout aussi important d’investir dans l’adaptation que dans l’atténuation, et ce dès maintenant, afin de ne pas compromettre les progrès réalisés au niveau mondial en matière de santé et de bien‑être des populations. Par ailleurs, garantir la sécurité des systèmes alimentaires mondiaux est fondamental.

Il est ici question de justice climatique: ce sont les personnes les plus vulnérables – celles qui subissent aujourd’hui les effets des changements climatiques – qui doivent être au cœur de l’action climatique.

Comment la communauté internationale peut-elle appuyer les mesures d’adaptation aux changements climatiques?

La COP 26 est l’occasion pour la communauté internationale de redéfinir les moyens d’aider les personnes les plus vulnérables à s’adapter aux changements climatiques.

Premièrement, il faut combler le déficit de financement. Les pays en développement auront besoin de 180 à 300 milliards d’USD par an d’ici 2030 pour s’adapter. Or, la cible fixée par les pays développés, qui était de contribuer à hauteur de 100 milliards d’USD par an au financement de l’action climatique d’ici 2020, n’est toujours pas atteinte. De plus, seulement 1,7% du financement climatique mondial arrive aux petits producteurs des pays en développement. C’est terriblement insuffisant.

Deuxièmement, il faut s’accorder sur la définition des mesures d’adaptation et sur la manière de mesurer les progrès accomplis en la matière.

Troisièmement, les entreprises, qui prennent déjà en compte les questions environnementales, sociales et de gouvernance dans leurs investissements, pour un total qui s’élève actuellement à près de 40 000 milliards d’USD, doivent à présent le faire de manière plus efficace, en associant ces investissements à leurs effets concrets afin de refléter les coûts réels de production.

Enfin, il faut recueillir des données factuelles permettant de déterminer quelles solutions sont efficaces et pour quelles raisons, et déterminer quelles personnes ou quels éléments elles laissent de côté. Les essais et les échecs sont des étapes essentielles aux fins de l’innovation, mais supposent la mise en place de mécanismes de financement audacieux et la reconnaissance du fait que les échecs précèdent parfois les réussites.

Les mesures d’adaptation et d’atténuation sont-elles compatibles?

Oui, car les mesures d’adaptation sont susceptibles de contribuer aux mesures d’atténuation. En d’autres termes, aider les petits producteurs à s’adapter peut également contribuer à atténuer les changements climatiques. Si environ 95% des exploitations agricoles du monde font moins de cinq hectares, elles représentent conjointement un cinquième des terres agricoles de la planète. Ensemble, elles peuvent contribuer considérablement à atténuer les changements climatiques.

Par exemple, les agriculteurs ont les moyens de séquestrer le carbone grâce à l’utilisation d’engrais organiques et aux techniques d’agroforesterie. Des pratiques d’irrigation économes en eau peuvent contribuer à maintenir le carbone organique dans le sol. Les solutions fondées sur la nature et l’agroécologie favorisent la biodiversité tout en piégeant le carbone et en renforçant la résilience. Ainsi, au Niger, la restauration des terres a permis d’augmenter de 40% les rendements dans les zones irriguées, tout en réduisant les émissions de dioxyde de carbone d’environ 1,2 tonne par hectare et par an.

Que fait concrètement le FIDA pour aider les petits producteurs à s’adapter aux changements climatiques?

Au FIDA, nous aidons les décideurs et les institutions agricoles à soutenir les petits producteurs et à investir sur la base d’informations de qualité concernant les risques climatiques. Nous recueillons les enseignements en matière d’agriculture résiliente face aux changements climatiques afin de les diffuser au profit de tous.

Nous investissons en faveur de l’avancement des femmes et veillons à ce que les petits producteurs participent aux processus décisionnels. Nous favorisons la création de débouchés pour les jeunes ruraux et collaborons avec les populations autochtones en vue de les faire passer au premier plan de la transformation écologique des systèmes alimentaires.

Les petits producteurs, qui cultivent et transforment les aliments que nous consommons, essaient de gagner leur vie en étant en première ligne face aux changements climatiques. Si nous voulons bâtir un monde durable, équitable et plus respectueux de l’environnement, dans lequel les objectifs en matière de développement et de climat seront atteints, il est fondamental d’aider les petits producteurs à s’adapter. Grâce à son mandat singulier, le FIDA s’est imposé comme l’un des chefs de file de l’adaptation aux changements climatiques.

 

Source : www.ifad.org

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