Une étude des Nations unies, publiée cette semaine dans la revue médicale
The Lancet, révèle une situation sanitaire catastrophique à Gaza : plus de 54 600 enfants souffrent aujourd’hui de malnutrition aiguë, dont près de 13 000 dans un état critique.
Cette enquête, menée par le département de la santé de l’UNRWA (l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens), s’appuie sur l’examen de près de 220 000 enfants entre janvier 2024 et la mi-août 2025. Ses conclusions dressent un tableau accablant d’une population infantile en état de survie, prise au piège d’une guerre dévastatrice et d’un blocus qui asphyxie l’aide humanitaire.
Selon Akihiro Seita, directeur de la santé à l’UNRWA et principal auteur de l’étude, la destruction quasi totale des infrastructures de Gaza depuis le 7 octobre 2023 a rendu la vie « pratiquement invivable ».
« Des dizaines de milliers d’enfants sont atteints de malnutrition et de maladies évitables. Sans cessez-le-feu durable et sans véritable paix, cette souffrance ne cessera pas », avertit-il.
L’étude précise que durant les vingt mois de suivi, les livraisons de nourriture, d’eau, de carburant et de médicaments vers Gaza sont restées bien inférieures aux niveaux d’avant-guerre, conséquence directe des restrictions imposées par les autorités israéliennes. Cette pénurie chronique a entraîné une flambée de la malnutrition, de la déshydratation et des maladies infectieuses parmi les enfants, souvent privés de soins et de repas réguliers.
Une famine imposée
Depuis le début de la guerre, les bombardements et le blocus israéliens ont détruit les hôpitaux, les systèmes d’eau potable et les entrepôts alimentaires. Le bilan humain dépasse 67 000 morts et 169 000 blessés, majoritairement des femmes et des enfants, selon les autorités sanitaires locales.
La famine, elle, a déjà coûté la vie à 460 Palestiniens, dont 154 enfants, faute d’un accès suffisant à l’aide humanitaire.
Les agences internationales alertent sur un risque de famine totale, provoquée non par des causes naturelles mais par des décisions politiques et des restrictions d’accès délibérées. Les terres agricoles ont été dévastées, les boulangeries détruites, et les hôpitaux fonctionnent à peine, faute de carburant et de matériel médical.
Les chercheurs et humanitaires parlent d’une crise fabriquée par l’homme. Plusieurs organisations, dont l’UNRWA et Médecins Sans Frontières, dénoncent une stratégie de famine délibérée contre la population civile.
« Ce que nous observons aujourd’hui à Gaza dépasse la notion d’urgence humanitaire. C’est la destruction programmée d’une génération d’enfants », déclare un responsable médical participant à l’étude.
Selon les experts, les conséquences de cette malnutrition prolongée seront irréversibles : retards de croissance, atteintes cérébrales et affaiblissement immunitaire marqueront durablement l’avenir de milliers d’enfants.
Silence international et indignation sélective
Malgré les avertissements répétés des Nations unies et des ONG, la réaction internationale reste timide et fragmentée. Les appels à un cessez-le-feu et à une levée du blocus n’ont pas été suivis d’effets concrets.
Pour de nombreux analystes, cette inertie révèle les doubles standards du droit international : Gaza illustre cruellement la distance entre les principes humanitaires proclamés et leur application réelle.
L’étude de l’UNRWA rappelle que la malnutrition à Gaza n’est pas une conséquence du sous-développement, mais le résultat direct du siège, des déplacements forcés et de la privation organisée.
Derrière chaque chiffre se cache une histoire : celle d’un enfant affamé, d’un hôpital sans électricité, d’une mère qui ne trouve plus de lait pour son bébé.
« Des dizaines de milliers d’enfants luttent chaque jour contre la faim et la maladie. Si les bombes ne cessent pas et si l’aide ne circule pas librement, beaucoup ne survivront pas », conclut Akihiro Seita.
La situation de Gaza pourrait devenir l’une des pires crises de malnutrition infantile du XXIᵉ siècle. Elle met en lumière la frontière ténue entre guerre et famine, entre indifférence et complicité.
Face à cette tragédie, les enfants de Gaza continuent de payer le prix le plus lourd — non pour ce qu’ils ont fait, mais simplement pour l’endroit où ils sont nés.
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