Guerre

21 Sep 2025

Pas de paix, pas de planète : la guerre à Gaza montre que l’écologie ne survit pas aux conflits

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Tired Earth

By The Editorial Board

Chaque année, la Journée internationale de la paix invite à suspendre un instant le cours du monde pour imaginer une société libérée de la guerre. En 2025, alors que les conflits ravagent des régions entières, cette vision paraît lointaine. Elle soulève pourtant une question essentielle, trop souvent marginalisée dans les débats écologiques : la planète peut-elle réellement guérir tant que les bombes continuent de tomber ?
 
La guerre ne se contente pas de détruire des vies humaines. Elle redessine les paysages, contamine l’air et l’eau, et accélère les crises écologiques que nous prétendons combattre. Parler de durabilité sans aborder la question des conflits armés revient à ignorer l’une des plus grandes forces de destruction qui pèse aujourd’hui sur notre environnement commun.
 
Gaza : un cas d’école de dévastation environnementale
 
La guerre à Gaza illustre de manière dramatique l’impact écologique des campagnes militaires. Les évaluations des Nations unies alertent : la destruction des installations de traitement des eaux usées, des infrastructures énergétiques et des terres agricoles a engendré une catastrophe environnementale à grande échelle. Plus de 37 millions de tonnes de gravats recouvrent désormais le territoire, chargés d’amiante, de métaux lourds et de résidus toxiques.
 
L’agriculture, pilier vital de la subsistance locale, a presque disparu. Selon les rapports, moins de 2 % des terres cultivables restent accessibles. Les oliveraies, les serres et les systèmes d’irrigation ont été réduits en cendres, tandis que les frappes aériennes et les incendies incontrôlés saturent l’atmosphère de polluants. Même le déblaiement des ruines pourrait, préviennent les experts, libérer des dizaines de milliers de tonnes de dioxyde de carbone — un coût climatique rarement pris en compte dans le calcul militaire.
 
Pour les deux millions d’habitants de Gaza, ces chiffres se traduisent en une réalité quotidienne : sols contaminés, eau impropre à la consommation, systèmes de santé publique en ruine. Dans ce contexte, l’environnement n’est pas un dommage collatéral : il est à la fois victime et arme de guerre.
 
Au-delà de Gaza : un schéma mondial
 
Le lien entre guerre et destruction environnementale dépasse le cas de Gaza. Des puits de pétrole incendiés en Irak aux bombardements près des centrales nucléaires en Ukraine, en passant par la déforestation liée aux conflits armés en Afrique, l’histoire récente montre combien les guerres accélèrent l’effondrement écologique.
 
Ces situations révèlent une même vérité : la guerre multiplie les vulnérabilités environnementales. Elle fragilise la sécurité alimentaire, détruit les écosystèmes et aggrave les souffrances des populations déjà en première ligne du changement climatique.
 
Repenser le militantisme environnemental
 
Depuis des décennies, les mouvements écologistes se concentrent sur la conservation, la réduction des émissions et la préservation de la biodiversité. Ces priorités demeurent cruciales. Mais sans paix, elles risquent de rester hors d’atteinte. Comment restaurer des écosystèmes dans des paysages bombardés ? Comment mettre en place des stratégies d’adaptation climatique dans des camps de réfugiés privés d’eau potable et d’assainissement ?
 
Intégrer la paix dans l’agenda écologique n’est plus une option. Cela suppose de reconnaître l’incompatibilité de la militarisation avec la durabilité, de réclamer des comptes lorsque la guerre laisse des héritages toxiques, et de soutenir les communautés, comme celles de Gaza, dont la lutte pour la survie incarne à la fois un combat pour les droits humains et pour la justice environnementale.
 
Vers un avenir juste et durable
 
La Journée internationale de la paix n’est pas seulement symbolique. Elle rappelle que la paix n’est pas un idéal abstrait mais le socle indispensable à toute reconstruction écologique. Un cessez-le-feu n’est pas uniquement une exigence politique : c’est une condition préalable à l’action climatique. Le désarmement n’est pas seulement une question de sécurité : il ouvre la voie à la guérison des écosystèmes.
 
Face à l’urgence climatique, une certitude s’impose : il n’y aura pas d’équilibre écologique sans paix entre les hommes. Les guerres brûlent la terre aujourd’hui et privent les générations futures de la stabilité dont elles ont besoin pour prospérer.
 
En cette année marquée par les ruines de Gaza et les flammes d’autres conflits, l’appel lancé à l’occasion de la Journée internationale de la paix résonne avec force : imaginer non seulement la fin des violences, mais aussi le début d’une coexistence durable — où la justice pour les peuples et celle pour la planète ne font qu’un.


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