Le pape François, prophète de la planète : un héritage spirituel enraciné dans la Terre

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Thomas Durand

« La terre, notre maison, semble de plus en plus se transformer en un immense dépotoir. » Le pape François, Laudato Si’

Lorsque Jorge Mario Bergoglio choisit le nom de François en 2013, ce n’était pas un simple hommage : c’était une déclaration. Inspiré par saint François d’Assise, le saint patron des animaux et de l’écologie, le pape annonçait ainsi une orientation nouvelle pour son pontificat — celle d’un lien profond entre foi, nature et justice.
 
Pendant les douze années de son pontificat, le pape François est devenu la voix religieuse la plus influente sur les questions de changement climatique et de destruction de l’environnement. À une époque où la planète se réchauffait dangereusement et où les inégalités s’aggravaient, ses enseignements écologiques — en particulier dans ses deux lettres majeures, Laudato Si’ (2015) et Laudate Deum (2023) — ont proposé une réflexion à la fois scientifique, morale et spirituelle.
 
Laudato Si’ : quand la science rencontre la foi
 
Dans Laudato Si’, le pape François a exprimé avec force ce que beaucoup de chefs religieux hésitaient à affirmer : la crise écologique est aussi une crise spirituelle. Ce texte pionnier mêle les Écritures, les données scientifiques et la doctrine sociale de l’Église pour rappeler que « tout est lié ». La dégradation de l’environnement, soutenait-il, ne peut être séparée de l’exploitation des plus pauvres et de la course effrénée au profit. C’est un échec éthique, enraciné dans ce qu’il nomme la « culture du déchet ».
 
 
« La vie humaine est sacrée et inviolable. Tout droit civil repose sur la reconnaissance du premier droit fondamental : le droit à la vie, un droit qui n’est soumis à aucune condition, ni de nature qualitative, ni économique, et certainement pas idéologique. Tout comme le commandement “Tu ne tueras point” fixe une limite claire garantissant la valeur de la vie humaine, nous devons aujourd’hui également dire : “Non à une économie de l’exclusion et de l’inégalité.” Cette économie tue. L’être humain lui-même est considéré comme un bien de consommation, à utiliser puis à jeter. Nous avons créé une ‘culture du déchet’ qui est en train de se répandre. Ainsi, la vie elle-même est rejetée. »
 
Pape François, audience avec le Mouvement italien pour la vie, avril 2014
 
 
Comme le souligne le journaliste Jeff Brady, cette encyclique fut publiée quelques mois avant la COP21 à Paris, influençant en profondeur les débats et renforçant l’élan moral autour de l’accord. François appelait alors les pays riches à reconnaître leur responsabilité historique dans la crise climatique et à soutenir les nations pauvres dans leur transition écologique.
 
Mais l’encyclique a eu un impact bien au-delà des sommets internationaux. Elle a suscité un véritable mouvement dans l’Église catholique : des groupes se sont formés, des paroisses ont organisé des lectures partagées, des évêques se sont engagés aux côtés des peuples autochtones, notamment en Équateur pour bloquer l’exploitation pétrolière dans le parc Yasuni, et des fidèles ont lancé des actions concrètes : reboisement, nettoyage de rivières, éducation à l’écologie intégrale.
 
Le pape François rencontre Greta Thunberg
 
Un pontificat d’engagement – et d’urgence
 
Le pape François n’a pas seulement parlé — il a agi. Il s’est rendu auprès des sinistrés du typhon aux Philippines, il a salué Greta Thunberg au Vatican, il a porté un poncho sous la pluie et béni des véhicules électriques. Son mode de vie, comme ses paroles, portait un message clair : la protection de la Création est un devoir sacré.
 
Et au fil du temps, alors que les catastrophes climatiques se multipliaient, son ton s’est fait plus pressant. Dans Laudate Deum, une lettre plus brève mais plus directe, il exprime son inquiétude face à l’inaction persistante de l’humanité et met en garde contre un effondrement imminent. Là où Laudato Si’ était patiente et poétique, Laudate Deum est tranchante, presque douloureuse.
 

 le pape François a reçu une BMW i3 entièrement électrique et sans émission, offerte par BMW Italia pour soutenir son engagement en faveur du développement durable.

Foi et écologie : un message universel

Le message écologique du pape ne s’adressait pas qu’aux catholiques. Il a inspiré des croyants de toutes confessions et contribué à un dialogue interreligieux autour de la sauvegarde de la planète. Il a replacé la lutte pour le climat dans une perspective spirituelle, rappelant que protéger la Terre, c’est aussi honorer le Créateur.
 
Le pape a essayé de planter ou d'arroser symboliquement des arbres à diverses occasions et visites
 

Même les sceptiques n’ont pu ignorer son influence. S’il n’a pas toujours réussi à convaincre les plus conservateurs, notamment aux États-Unis, il a contribué à faire évoluer la perception de l’Église comme actrice engagée pour l’environnement. Comme le résume une chercheuse, « le pape n’a pas changé l’avis des gens sur le climat, mais il a changé leur avis sur lui ».

Un héritage enraciné dans la Terre
 
En rendant hommage au pape François, nous saluons un chef spirituel qui a placé l’écologie au cœur de sa mission. Il ne s’est pas contenté d’ajouter l’environnement à la liste des préoccupations de l’Église : il a redéfini la mission chrétienne au XXIe siècle. Son pontificat a été enraciné dans la simplicité, la terre, la fraternité, à l’image du saint d’Assise qui prêchait aux oiseaux.
 
Aujourd’hui, le Mouvement Laudato Si’ prolonge son œuvre : des milliers d’« animateurs » formés dans plus de 140 pays continuent de semer les graines de l’écologie intégrale. De Chicago à Belém, de Quito à Rome, son message résonne : tout est lié — l’homme, la nature, le divin.
 
Et ainsi, en tant que croyants, citoyens ou simples gardiens de cette Terre, puissions-nous entendre, comme François l’a entendu, le murmure du vent, le cri de la forêt et l’appel de la Création. Et surtout, puissions-nous y répondre — non par des discours, mais par des actes justes et courageux.
 


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