Guerre

28 Jul 2025

Sécurité alimentaire à Gaza : le PAM affirme pouvoir nourrir la population pendant trois mois

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Tired Earth

Par la rédaction

Dans une déclaration rare et alarmante, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a averti que la crise alimentaire à Gaza atteint un point critique, qualifiant la situation humanitaire de proche de la catastrophe. Le constat est accablant : un tiers des 2,1 millions d’habitants de Gaza passent plusieurs jours sans manger, près de 500 000 personnes vivent dans des conditions proches de la famine, et 90 000 femmes et enfants ont un besoin urgent de traitement nutritionnel.
 
Ce qui rend cette déclaration particulièrement frappante, c’est que le PAM affirme disposer — ou avoir en cours d’acheminement — de suffisamment de nourriture pour nourrir l’ensemble de la population de Gaza pendant trois mois. Le problème n’est donc pas un manque de denrées, mais un manque d’accès. L’aide est prête. Les équipes humanitaires sont mobilisées. Mais les obstacles physiques et politiques à la livraison continuent de coûter des vies. Les restrictions logistiques imposées par les autorités israéliennes — points de passage limités, autorisations tardives, routes dangereuses — entravent directement la réponse humanitaire face à ce qui est désormais une catastrophe à grande échelle.
 
La sécurité alimentaire : un droit fondamental, pas un privilège
 
Le droit à l’alimentation est protégé par le droit international des droits humains, notamment dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, que l’État d’Israël a ratifié. Plus encore, le droit international humanitaire, y compris les Conventions de Genève, interdit explicitement d’utiliser la famine contre les civils comme méthode de guerre. Tous les acteurs d’un conflit sont légalement tenus de permettre et de faciliter un accès rapide et sans entrave à l’aide humanitaire.
 
À Gaza, territoire assiégé où l’accès à l’eau, à l’électricité, aux médicaments et à la nourriture est contrôlé de l’extérieur, les conditions sont réunies pour enfreindre ces obligations. Le blocage systématique de l’aide essentielle, surtout lorsqu’il entraîne des morts évitables et une malnutrition généralisée, peut constituer une violation grave du droit humanitaire international. En tant que puissance occupante — un statut juridique confirmé par de nombreuses instances de l’ONU et cours internationales — Israël a le devoir clair, au titre de la Quatrième Convention de Genève, d’assurer le bien-être de la population civile sous son contrôle effectif.
 
Une famine provoquée par l’homme ?
 
Le PAM met ici des mots simples sur ce que de nombreuses organisations humanitaires dénoncent depuis des mois : Gaza est au bord d’une famine provoquée, non par la nature, mais par des décisions politiques et militaires délibérées. Ce n’est pas un désastre naturel. Sans cessez-le-feu durable, l’aide ne peut être ni livrée en sécurité, ni en quantité suffisante. Et sans aide, la population continuera à mourir de faim — non par manque de nourriture, mais par refus d’y accéder. Car cette nourriture existe, à portée de main, de l’autre côté de la frontière.
 
Ce que Gaza subit n’est pas une famine liée à une pénurie, mais une famine liée à l’obstruction et à la destruction systématique des ressources agricoles locales. Or le droit international est clair : la famine ne peut jamais être utilisée comme arme de guerre. Pourtant, le blocus, associé à la destruction des terres agricoles, boulangeries, et infrastructures vitales, a rendu la population totalement dépendante d’une aide humanitaire régulièrement bloquée ou retardée.
 
Des évaluations indépendantes confirment aussi une dévastation agricole massive : entre 38 et 40 % des terres cultivables ont été détruites début 2024, et jusqu’à 80 % du couvert arboré a disparu début 2025. Plus de 2 000 exploitations agricoles et serres ont été rasées, anéantissant la capacité de production locale et la souveraineté alimentaire de Gaza.
 
Cette catastrophe écologique est désormais qualifiée d’écocide par plusieurs ONG et groupes juridiques — notamment Forensic Architecture, le Réseau des ONG environnementales palestiniennes, et la mission diplomatique palestinienne aux Pays-Bas —, estimant que cette destruction intentionnelle et durable de l’environnement pourrait être poursuivie au titre du Statut de Rome.
 
Les enfants sont les personnes les plus vulnérables face à la faim qui sévit à Gaza. Au 28 juillet, sur les 147 personnes mortes de faim, 88 étaient des enfants
 
La faim comme arme de guerre
 
Utiliser la faim comme outil de guerre n’est pas nouveau, mais cela reste l’une des tactiques les plus inhumaines et condamnables dans les conflits contemporains. À Gaza, l’insécurité alimentaire a atteint un niveau qualifié de “catastrophique” selon le système de classification IPC (Integrated Food Security Phase Classification). Le fait que cela se produise sous les yeux de la communauté internationale, malgré des obligations juridiques claires pour l’empêcher, constitue un échec moral d’ampleur mondiale.
 
Au fond, la déclaration du PAM n’est pas qu’un simple bulletin humanitaire. C’est un acte d’accusation. Elle affirme clairement que les solutions existent, la nourriture est là, et la volonté d’agir aussi. Mais tant que le blocus perdure, tant que les couloirs humanitaires restent fermés, sous contrôle strict ou dysfonctionnels, la population de Gaza continuera à souffrir, à avoir faim, et à mourir — non à cause de la guerre elle-même, mais à cause de la façon dont elle est menée.
 


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