Cet article a été publié sur Al Jazeera et est traduit et republié par TiredEarth.com
Jour après jour, depuis deux ans, le blocus israélien implacable contre les Palestiniens de la bande de Gaza s’intensifie, empêchant l’entrée de nourriture et de médicaments.
Les histoires tragiques se succèdent : des enfants morts de faim, d’autres étendus sur des lits d’hôpitaux ou dans des camps de déplacés, leurs corps frêles luttant contre la mort.
Durant ces deux années de guerre d’extermination menées par Israël, la tragédie ne s’est pas limitée aux victimes des bombardements directs.
La politique israélienne de famine délibérée, et la malnutrition qu’elle provoque, ont coûté la vie à 460 Palestiniens, dont 154 enfants.
Le 22 août 2025, l’Initiative mondiale pour la classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) a déclaré l’état de famine dans la ville de Gaza, au nord de la bande.
Cette initiative internationale, chargée d’analyser la sécurité alimentaire et la nutrition, a également prévu l’extension de la famine aux gouvernorats de Deir al-Balah (centre) et de Khan Younès (sud).
L’IPC regroupe 21 grandes organisations internationales, parmi lesquelles l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM), l’UNICEF, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Oxfam et Save the Children.
Au cours des derniers mois, le Programme alimentaire mondial, relevant de l’ONU, a averti qu’un tiers des habitants de Gaza — sur environ 2,4 millions de Palestiniens — n’avaient rien mangé depuis plusieurs jours.
Mohammed… un corps frêle qui implore du lait
En juillet 2025, le petit Mohammed Al-Matouq, âgé d’un an et demi, est apparu dans une tente de déplacés à l’ouest de Gaza.
Son corps, qui ne pèse pas plus de six kilos, a perdu trois kilos à cause de la malnutrition.
Ses côtes saillantes et ses pleurs étouffés ont révélé au monde entier la brutalité de la politique israélienne de la faim.
Sa mère, à court de tout, n’a eu d’autre choix que de lui donner de l’eau pour le calmer, faute de nourriture et de lait.
L’enfant, dont les photos ont fait le tour du monde, vit dans des conditions sanitaires et matérielles déplorables qui menacent sa vie, tandis que la faim ronge lentement son corps, conséquence directe de la fermeture totale des points de passage.
Depuis le 2 mars 2025, Israël a fermé tous les points d’accès à Gaza, empêchant l’entrée de denrées alimentaires et d’aides humanitaires, provoquant ainsi une famine généralisée malgré les files de camions d’aide bloqués à la frontière.
Parfois, Israël autorise quelques livraisons dérisoires d’aide, insuffisantes pour enrayer la famine — d’autant que la plupart des camions sont pillés par des bandes armées, que le gouvernement de Gaza accuse d’être protégées par Israël.
Karim… un souffle suspendu à un tuyau d’oxygène
Karim Ma’mar, trois ans, ne pèse pas plus de sept kilos et respire difficilement à travers un tube à oxygène, épuisé par la faim et la maladie dues au blocus israélien.
Karim souffre du syndrome de Fanconi, une maladie rénale génétique rare, mais le blocus, en empêchant l’accès aux traitements et aux compléments alimentaires, a aggravé sa fragilité. Son petit corps est devenu un témoignage vivant du crime de la faim.
Ce syndrome empêche les tubules rénaux de réabsorber les substances essentielles comme le glucose, le phosphate, les acides aminés et le bicarbonate, qui sont alors éliminés dans les urines.
Ses symptômes incluent une miction excessive, une soif intense, des douleurs osseuses et une faiblesse musculaire.
Oussama… un squelette sur un lit d’hôpital
Oussama Al-Ruqab, âgé de quatre ans, s’est transformé en véritable squelette : il ne pèse plus que neuf kilos, alors qu’un enfant de son âge devrait peser au moins seize.
Son corps émacié, dont les os du torse et du ventre saillent sous la peau, est apparu dans une vidéo qui a provoqué un large choc.
Elle a mis en lumière l’ampleur de la catastrophe humanitaire à Gaza et l’impossibilité d’assurer nourriture ou soins sous le poids du blocus israélien.
Misk… le silence de la douleur
Misk Bilal Al-Madhoon, âgée de six ans, vit à Gaza dans un mutisme total, incapable de parler ou de s’asseoir.
Ses os fragiles, rendus visibles par une atrophie cérébrale aggravée par la malnutrition, racontent eux aussi la douleur d’une enfance confisquée.
Exemples de morts causées par la famine imposée par Israël
30 août 2025
– Décès de la nourrisson Rania Ghaban à l’hôpital Al-Rantissi, victime de malnutrition et du manque de soins.
23 août 2025
– Décès de Rasil Abou Massoud (deux mois) à l’hôpital Nasser, dont le corps frêle a été filmé à l’intérieur de la morgue.
22 août 2025
– La petite Ghadir Barika (cinq mois) est morte de malnutrition. Son père a déclaré que sa fille est décédée faute de lait, les points de passage étant fermés.
7 août 2025
– Ruaa Mashi (deux ans) est décédée de faim à l’hôpital Nasser à Khan Younès, selon les médecins.
– Mohammed Zakaria Asfour (un an et quatre mois) est mort du même mal, la malnutrition ; des militants ont diffusé les photos de son corps squelettique.
Mai 2025
– La jeune mère palestinienne Aya Al-Sakafi a perdu sa fillette de quatre mois, Jinan, morte dans ses bras à cause de la malnutrition et du manque de médicaments.
La mère a dit craindre que son autre enfant ne subisse le même sort, face à la poursuite du génocide et du blocus israéliens.
– Jinan Saleh Al-Sakafi est morte à l’hôpital Al-Rantissi, victime de malnutrition et de déshydratation.
– Mohammed Moustafa Yassine (quatre ans) est décédé de faim, selon la Défense civile de Gaza.
14 août 2024
– Lina Cheikh Khalil (quatre ans) est morte de malnutrition dans le centre de Gaza.
Juillet 2024
– Décès de Hekmat Bdeir (six ans) à Deir al-Balah, en raison de la malnutrition.
Depuis le 7 octobre 2023, Israël mène à Gaza une guerre de génocide qui a fait 67 139 morts et 169 583 blessés, en majorité des femmes et des enfants.
La famine à elle seule a coûté la vie à 460 Palestiniens, dont 154 enfants.
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