Pollution

31 May 2025

Coca-Cola : Les bouteilles rouges qui font saigner le cœur de la planète

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Thomas Durand

D’ici 2030, Coca-Cola pourrait rejeter jusqu’à 590 000 tonnes de plastique par an dans les océans et les cours d’eau – soit assez pour remplir l’estomac de plus de 18 millions de baleines bleues

Selon un rapport alarmant publié par l’organisation de défense des océans Oceana, la quantité d’emballages plastiques que Coca-Cola pourrait rejeter chaque année dans les cours d’eau et les océans du monde d’ici 2030 atteindrait 1,3 milliard de livres – soit assez pour remplir l’estomac de plus de 18 millions de baleines bleues. Cette image-choc illustre l’ampleur d’un désastre environnemental à venir, causé par l’une des plus puissantes multinationales de l’agroalimentaire.
 
Le rapport de 55 pages d’Oceana prédit que l'utilisation annuelle de plastique par The Coca-Cola Company dépassera les 4,1 millions de tonnes d’ici 2030 – une augmentation de près de 40 % par rapport aux chiffres de 2018. Ce volume faramineux équivaut à produire suffisamment de plastique pour faire cent fois le tour de la Terre, chaque année. Entre 2023 et 2030, la progression attendue est de 20 %, confirmant une trajectoire non seulement insoutenable, mais délibérément choisie.
 
Malgré les discours officiels et les campagnes de communication axées sur la durabilité, la stratégie de Coca-Cola reste ancrée dans la logique du jetable. En 2022, l’entreprise avait pourtant promis que 25 % de ses produits utiliseraient des emballages réutilisables d’ici 2030. Une annonce largement relayée comme preuve de son engagement environnemental. Or, en décembre 2024, dans une quasi-indifférence médiatique, l’entreprise a discrètement abandonné cet objectif dans sa nouvelle feuille de route pour la durabilité. Deux mois plus tard, Coca-Cola affirmait pourtant que les emballages réutilisables restaient "importants pour ses capacités de gestion de la croissance des revenus" (RGM). Une contradiction révélatrice, témoignant d’un cynisme profond dans la gestion de sa communication « verte ».
 
Cette régression stratégique intervient alors même que Coca-Cola fait l’objet de critiques croissantes. Une étude publiée dans la revue Science a classé l’entreprise comme le plus grand pollueur plastique de marque au monde. Les chercheurs y documentent la présence dominante de déchets plastiques estampillés Coca-Cola dans l’environnement, bien loin du tri sélectif et du recyclage vantés dans ses publicités.
 
La montée en puissance de la critique publique s’appuie également sur une littérature scientifique de plus en plus solide établissant des liens entre les plastiques (et les produits chimiques qu’ils contiennent) et des maladies graves telles que le cancer, les troubles de la fertilité, les maladies cardiovasculaires, l’autisme ou encore le diabète. Une crise de santé publique se dessine derrière la façade brillante des bouteilles rouges.
 
 
Pourtant, les solutions existent. Oceana souligne l’urgence de remplacer les emballages à usage unique par des contenants réutilisables à grande échelle. Mais une telle transformation suppose un changement radical de modèle économique, ce que Coca-Cola semble peu enclin à envisager, tant le système actuel maximise ses marges. Les investisseurs, eux aussi, portent une responsabilité. Leur tolérance vis-à-vis de cette dépendance au plastique perpétue un modèle de profit court-termiste au détriment de l’environnement, des populations et du climat.
 
L’inaction de Coca-Cola soulève également des questions de gouvernance. Les décideurs politiques doivent désormais sortir de leur passivité et imposer un cadre réglementaire contraignant pour les multinationales de l’agroalimentaire. La lutte contre la pollution plastique ne peut se limiter à des incitations volontaires : il faut des lois contraignantes, des sanctions, et un soutien aux alternatives locales et durables.
 
Car au-delà des chiffres, c’est une industrie entière – celle du plastique – qui menace la stabilité climatique. Produits à partir d’énergies fossiles, les plastiques sont une source directe d’émissions de gaz à effet de serre. Chaque jour, ce sont 2 000 camions-bennes remplis de plastique qui sont déversés dans les océans, rivières et lacs du monde entier. On estime que 19 à 23 millions de tonnes de déchets plastiques pénètrent chaque année dans les écosystèmes aquatiques. Cette pollution altère les habitats, freine l’adaptation des écosystèmes au changement climatique, perturbe la sécurité alimentaire, et menace directement les moyens de subsistance de centaines de millions de personnes.
 
De la pollution aux violations du droit : un modèle fondé sur l’impunité
 
Mais la critique ne s’arrête pas à la question écologique. Coca-Cola est également pointée du doigt pour des violations du droit international. La multinationale figure sur la liste noire de l’ONU depuis 2017 en violant le droit international en exploitant les colonies illégales en Cisjordanie, ce qui contrevient aux résolutions internationales sur les colonies illégales. Ce fait a conduit à des appels au boycott émanant non seulement de militants écologistes, mais aussi de défenseurs des droits humains. En continuant à soutenir économiquement des activités illégales, Coca-Cola alimente un modèle de profit fondé sur l’impunité et la dépossession.
 
En somme, l’empreinte plastique de Coca-Cola ne peut être dissociée de l’ensemble d’un système de production fondé sur l’exploitation des ressources, l’ignorance des conséquences sociales, et la priorisation systématique des profits. Face à cette fuite en avant, il est urgent de poser les bases d’un modèle radicalement différent – un modèle fondé sur la justice écologique, le respect du vivant et la souveraineté des peuples sur leurs ressources.
 
Ce que révèle le cas Coca-Cola, ce n’est pas seulement l’échec d’une entreprise à respecter ses engagements environnementaux. C’est la faillite d’un système économique tout entier, incapable de penser au-delà du rendement immédiat. Il est temps de dépasser les illusions du green-washing et de confronter la racine du problème : un modèle de croissance qui, sous couvert d’innovation, détruit silencieusement le monde vivant. Le choix est clair : ou bien les multinationales changent sous la contrainte, ou bien ce sont les écosystèmes – et les sociétés humaines avec eux – qui s’effondreront.
 


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