Malgré les trombes d’eau tombées ces derniers jours lors de violents orages dans le sud, la sécheresse ne recule guère en France: deux tiers des nappes phréatiques sont toujours au plus bas pour la saison et cela ne pourrait être qu’un début.
Sécheresse : beaucoup de nappes au plus bas et ça ne devrait pas s’arranger

Selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), chargé de la surveillance des nappes, l’état de ces dernières « n’évolue que peu et demeure globalement peu satisfaisant ».

Au 1er juin, 66% d’entre elles restaient en dessous des normales, dont 19% à des niveaux très bas, a-t-il annoncé mercredi après-midi.

Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu avait tiré la sonnette d’alarme quelques heures plus tôt faisant état de « vives inquiétudes » concernant certaines régions comme le couloir rhodanien ou le pourtour méditerranéen

Il y a un mois, 68% des nappes en France métropolitaine étaient modérément basses à très basses par rapport aux normales, renforçant les craintes d’une nouvelle sécheresse estivale comparable à celle de 2022, voire pire.

Depuis, il a plu abondamment sur plusieurs régions mais les précipitations printanières sont quasi-intégralement absorbées par la végétation et n’atteignent pas les nappes phréatiques, principales réserves d’eau potable.

Concernant les fortes pluies des derniers jours dans le Sud, « ce sont principalement des orages, par conséquent elles ont pu humidifier certains sols et reverdir la végétation, mais la plupart n’ont pas rechargé les nappes », qui depuis mi-avril ont commencé à se vider, a expliqué Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM lors d’une visio-conférence.

« En juin et pour le prochain trimestre, les niveaux des nappes devraient rester en baisse » et la situation « se dégrader » plus ou moins rapidement selon les zones, prévoit le BRGM.

Pas de canicule

La situation pourrait difficilement s’améliorer cet été, d’autant que Météo-France prévoit pour juin-juillet-août des températures probablement supérieures aux normales, synonyme de plus d’évaporation et de besoins en irrigations.

D’ores et déjà, des températures estivales se sont installés sur la France depuis fin mai.

Et les prévisions pour la semaine restent à un « niveau élevé pour la saison », entre 27 et 31 degrés sur la majorité du pays, mais « sans gros excès de chaleur » et avec des « nuits relativement fraîches ». La vigilance canicule n’est actuellement activée dans aucun département.

Une quinzaine de départements, soit quasiment le double par rapport à juin dernier, sont déjà en certains endroits en situation de « crise » sécheresse, entraînant d’importantes restrictions d’eau.

Des incendies ont aussi déjà débuté dans plusieurs régions, dont le dernier mardi dans les Vosges.

La sécheresse touche également plus d’un tiers de l’Europe, notamment la péninsule ibérique et les bords de la Baltique, selon les données satellitaires à fin mai du programme européen Copernicus.


-« Enfants gâtés »

Sur les nappes phréatiques françaises, la situation de juin 2023, est « proche » de celle de juin 2022 (69% des niveaux sous les normales), mais « plus contrastée » selon les régions.

Certaines, abondamment arrosés en avril-mai, notamment en Bretagne et dans le Nord, affichent des niveaux très satisfaisants.

A l’inverse, d’autres sont déficitaires, parfois même à des « niveaux historiquement bas ».

« Pour le Var et le Roussillon, c’est déjà trop tard » quelles que soient les pluies qui pourraient tomber, a indiqué Mme Bault. Pour le Roussillon, les niveaux sont tellement bas que par endroits des risques d’infiltration d’eau salée pourraient même se produire dans la nappe et rendre l’eau inconsommable, a-t-elle averti.

Même les régions plus au nord, comme le Poitou, la Lorraine ou le Jura, où il n’a pas plu depuis plusieurs semaines, ne sont pas à l’abri d’une détérioration rapide et pourraient connaître cet été des « situations tendues » sur l’approvisionnement en eau, a-t-elle ajouté.

Le BRGM s’attend donc à de nouvelles restrictions d’eau dans les prochaines semaines et recommande de « les respecter » en « limitant les prélèvements ».

« Longtemps, on a vécu comme des enfants gâtés en pensant qu’on n’allait jamais manquer d’eau », a déclaré M. Béchu, invitant à la sobriété et à limiter le gaspillage. En matière d’eau, l' »abondance n’est plus de saison », a-t-il conclu.

Source: goodplanet.info

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