Les forets permettent de stocker le CO2
«Notre étude montre que les petits pois biologiques cultivés en Suède ont un impact sur le climat environ 50% plus important que ceux cultivés de manière conventionnelle», déclare le premier auteur de l'étude, Stefan Wirsenius, de l'Université de technologie Chalmers, en Suède. «Pour certains produits alimentaires, la différence est encore plus grande: par exemple, avec le blé d'hiver biologique suédois, la différence est plus proche de 70%».
Jusque-là, peu d'études avaient montré à quel point le stockage du carbone par les plantes et le sol affecte l'impact de l'agriculture biologique sur l'environnement, tant pour les produits carnés que végétaux. «La consommation de viande et de lait issu de l'agriculture biologique est sans doute la plus coûteuse d'un point de vue climatique», explique Patrice Dumas. «Particulièrement les cultures bovines qui demandent de vastes pâturages pour les nourrir. Le plus efficace pour réduire la libération de CO2 dans notre alimentation est pour cette raison de diminuer la quantité de viande.» En ce sens, le régime carné et la consommation de lait sont de loin les plus gourmands en carbone. Que les animaux soient étiquetés biologique ou non, car l'efficience animale en agriculture biologique n'est pas particulièrement différente de celle en conventionnel.
Une consommation plus équilibrée
Faut-il donc arrêter de faire ses courses au Biocoop pour lutter contre le réchauffement climatique? «Nos travaux ne traitent qu'un seul aspect des cultures bio», nuance Patrice Dumas. «Dans les cultures traditionnelles, l'utilisation de pesticides est très dangereuse pour la biodiversité, et sans doute aussi pour la santé. Il ne s'agit pas pour nous de dire: arrêtons le bio, mais de bien regarder les impacts de notre façon de consommer.» Si toute la consommation alimentaire se porte vers les produits issus de l'agriculture biologique, sans s'accompagner d'une réduction de la demande, les conséquences pour le climat seraient donc catastrophiques.
«C'est en fait une question d'équilibre», continue Patrice Dumas. «Il faut s'avoir adapter en fonction des territoires. Dans les milieux plus arides, par exemple, les ruminants se déplacent et se nourrissent de la flore naturellement présente. Il n'y a pas de grands pâturages, donc très peu de conséquences sur le CO2 émis. En revanche, les pâtures en zones tempérées et tropicales prennent le pas sur les zones forestières. Le vrai nœud du problème, c'est de substituer une partie de notre consommation animale qui n'a eu de cesse d'augmenter depuis les années 60, par des légumineuses, aussi riches en protéines.»