Au Brésil, la quasi-totalité de la déforestation de l'Amazonie est illégale
La déforestation de l'Amazonie s'accentue d'année en année, notait une étude publiée il y a quelques semaines dans Nature Climate Change. D'un million d'hectares disparus en 2017 et 2018, la forêt amazonienne a perdu en 2019 3,9 millions d'hectares d'arbres. Pire encore, selon un rapport publié lundi par plusieurs experts d'organisations environnementales, comme le World Wildlife Fund (WWF), la quasi-totalité de cette déforestation dans le "poumon de la planète" est illégale au Brésil.
Très précisément, ce rapport souligne que 94% de la déforestation en Amazonie et dans la région du "Matopiba", englobant des parties des États du Maranhao, Tocantins, Piauí y Bahía, est illégale.
Une situation provoquée par l'incapacité des autorités à documenter, par exemple, l'utilisation légale de ces mêmes terres par des agriculteurs, éleveurs ou exploitants forestiers, pointe le rapport.
"La différenciation entre déforestation légale et illégale est un facteur clé pour garantir que la production agricole et forestière ne soit pas vérolée de crimes environnementaux"
Auteurs du rapport
Éliminer la déforestation illégale, une promesse qui sera difficile à tenir
Le président d'extrême-droite Jair Bolsonaro, qui entend se reconstituer une "bonne image" à l'international concernant l'environnement, a récemment promis d'éliminer le fléau de la déforestation illégale d'ici 2030. Mais pour les rédacteurs du rapport, cette promesse semble peu réaliste au regard du manque de transparence autour de l'utilisation autorisée de la terre dans les régions brésiliennes concernées.
Un projet de loi assouplissant les exigences environnementales dans le cadre de projets agricoles et énergétiques a en effet été approuvé par la Chambre des députés du Brésil. Ce texte, qui doit encore être approuvé par le Sénat, prévoit notamment qu'une simple promesse écrite du respect des normes environnementales sera suffisante pour commencer des travaux de dédoublement de routes ou de lignes électriques.
Nous avons d'urgence besoin de plus d'efforts techniques et de plus de volonté politique pour faire appliquer les lois sur la transparence. Sinon, ce manque de transparence continuera de servir de bouclier pour la destruction de nos écosystèmes.
Raoni Rajao, l'un des auteurs de l'étude
Une déforestation qui s'accélère
Depuis le début de la présidence Bolsonaro, en 2019, un pic de déforestation a été atteint : durant les douze mois précédant août 2020, la déforestation en Amazonie a augmenté de 9,5%, détruisant une surface supérieure à celle de la Jamaïque. Le président d'extrême droite subit une forte pression internationale pour redorer le blason de son gouvernement en matière de questions environnementales.
L'industrie agroalimentaire de ce pays, qui compte parmi les plus grands exportateurs de soja et de viande - notamment vers les pays d'Europe, comme la France -, s'inquiète pour sa part des conséquences de cette pression.