Les oiseaux en captivité ont des ailes plus courtes, et c'est inquiétant !
Les oiseaux élevés en captivité connaissent des changements physiques pouvant menacer à terme leur survie : c'est l'enseignement d'une nouvelle étude scientifique qui dévoile que les captifs ont des ailes légèrement plus courtes que les oiseaux sauvages...
"Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux" ! Elever des oiseaux en captivité pour favoriser leur réintroduction, est-ce la bonne solution ? Pas forcément, à en croire une nouvelle étude publiée dans la revue Ecology Letters, qui révèle que certains oiseaux nés en captivité présentent des ailes plus courtes que leurs congénères sauvages. Une modification de la forme de leurs plumes qui pourrait à terme menacer leur survie…
La perruche à ventre orange va-t-elle survivre ?
Les scientifiques auteurs de cette étude ne sont pas les premiers à affirmer que certains animaux élevés en captivité développent des modifications physiques capables de menacer leur survie. Toutefois, ceux-ci se sont concentrés pour la première fois sur les oiseaux, et notamment sur la perruche à ventre orange (Neophema chrysogaster), une espèce en voie d'extinction. Et le résultat est clair : les oiseaux nés en captivité présentent des ailes plus courtes que les oiseaux sauvages.
Altered wing phenotypes of captive‐bred migratory birds lower post‐release fitness https://t.co/z0GBbszkrx
— Ecology Letters (@Ecology_Letters) March 21, 2023
Pourquoi le choix de la perruche à ventre orange ? Tout simplement parce que cette espèce a bénéficié d'un programme de reproduction en captivité en Australie, en vue d'une réintroduction dans le milieu, pour éviter son extinction. Avant ce programme, on ne recensait plus que 17 perruches à ventre orange dans la nature. Après le relâchement de nouveaux individus en Tasmanie et dans l'Etat de Victoria (là où l'espèce migre et se reproduit), leur nombre augmente à nouveau désormais.
Ces perruches élevées en captivité ont des plumes, et donc des ailes, moins pointues et légèrement plus courtes que leurs congénères sauvages, une différence d'à peine un millimètre et non visible à l'œil nu. Pourtant, selon l'auteur principal de l'étude, le Dr Dejan Stojanovic, cette différence minime suffit à diviser par 2,7 le taux de survie des oiseaux. En effet, avoir un plumage parfait et impeccable est une condition sine qua non pour qu'un oiseau puisse voler, se nourrir correctement et avoir une croissance idéale (la mue des plumes étant liée à la production d'hormones). Ces altérations des ailes risquent d'être fatales à terme à la perruche à ventre orange, on ne sait donc pas pour le moment si ce programme de reproduction va réellement bénéficier à la population sauvage…
D'autres espèces d'oiseaux concernées
Les scientifiques se sont également intéressés à 16 autres espèces d'oiseaux, avec le même résultat, c'est-à-dire des ailes légèrement plus courtes pour les individus nés en captivité, pour 4 espèces : la perruche turquoisine, la perruche ondulée, la perruche de Bourke et le diamant de Gould.
Perruche turquoisine / Turquoise Parrot / Neophema pulchella pic.twitter.com/P1rUSEIQrc
— Schmitt Jean-Thomas (@SchmittJeanTho1) December 17, 2022
Le Dr Stojanovic estime que le phénomène est beaucoup plus répandu qu'initialement envisagé, mais que pour le moment, personne ne sait ce qui provoque ces changements physiques chez les oiseaux captifs. "Un trait familial ou un trait environnemental" sont les hypothèses envisagées, mais ce qui est certain, c'est qu'il va falloir à l'avenir se concentrer sur la qualité, et non la quantité, des individus élevés en vue d'une réintroduction dans la nature. Un enjeu crucial, alors qu'une espèce d'oiseaux sur cinq est menacée d'extinction en Europe…