Cinquante mille décès par an pourraient être évités dans les villes européennes en ramenant la pollution atmosphérique aux niveaux recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), selon une étude.
Réduire la pollution de l’air sauverait chaque année la vie de 50.000 citadins européens
Des enfants confrontés à la pollution atmosphérique en Pologne. [Premières Lignes Télévisio]

Un article d’Euractiv Italie.

Cette étude, effectuée par des chercheurs espagnols et néerlandais et publiée mercredi 20 janvier dans la prestigieuse revue britannique The Lancet Planetary Health, est la première du genre au niveau mondial.

Elle a permis d’estimer le nombre de décès prématurés dus à deux polluants particulaires – les particules fines (PM) et le dioxyde d’azote (NO2) – dans plus de mille villes d’Europe, en les classant par ordre décroissant de mortalité due à la pollution atmosphérique.

Selon ses conclusions, si la concentration de polluants dans l’atmosphère était ramenée en dessous des niveaux recommandés par l’OMS, 51 213 décès prématurés pourraient être évités chaque année dans les villes européennes. Et si la réduction était encore plus importante, les décès évités pourraient plus que doubler.

Une étude détaillée

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution atmosphérique tue chaque année plus de sept millions de personnes dans le monde. Elle engendre également de nombreuses maladies et de l’absentéisme au travail. La nocivité des particules fines pour la santé est démontrée en particulier dans les zones urbaines, où la mortalité due aux maladies cardiovasculaires et respiratoires est plus élevée, ainsi que les troubles de la grossesse et de la croissance du fœtus.

D’autres recherches avaient déjà démontré les effets négatifs de la pollution atmosphérique sur la santé à l’échelle nationale. Cependant, contrairement aux études précédentes, l’étude qui vient d’être publiée a exploité des données sur l’exposition à la pollution atmosphérique affichant une résolution supérieure (elle prend en compte des parcelles de terrain de 250 m2, par opposition aux 10 km2 utilisés précédemment), en plus des données sur la mortalité spécifiques à chaque ville. La charge de mobidité sur laquelle se fonde le classement des villes provient en revanche d’un calcul effectué en tenant compte des taux de mortalité, du pourcentage de mortalité évitable et des années de vie perdues en raison de chaque polluant atmosphérique.

Le bilan négatif de l’Italie du Nord

Selon le document, respectivement 84 % et 9 % de la population de toutes les villes analysées ont été exposés à des niveaux de particules fines et de NO2 supérieurs aux recommandations de l’OMS.

C’est à Madrid que la charge de morbidité due au dioxyde d’azote est la plus élevée. Dans la capitale espagnole, quelque 206 décès (0,6 % de ceux enregistrés sur 12 mois) pourraient être évités chaque année si la pollution tombait aux niveaux recommandés par l’OMS et 2 380 (7 % du total) si elle était inférieure. Des villes comme Anvers, Paris, Barcelone, Turin (en deuxième position) et Milan (cinquième) figurent également dans le peloton de tête.

En ce qui concerne la mortalité due aux particules fines, c’est la ville italienne de Brescia qui arrive en tête du funeste classement. Là-bas, 232 décès pourraient être évités (11 % du total) en ramenant les particules polluantes aux niveaux de l’OMS et 309 (15 %) en les ramenant en dessous de ces niveaux. Trois autres villes du nord de l’Italie figurent dans les dix premières places du classement : Bergame (deuxième), Vicence (quatrième) et Saronno (huitième).

À l’inverse, les villes présentant les taux de mortalité induits par le NO2 et les particules fines les plus faibles se trouvent toutes dans des pays scandinaves : il s’agit respectivement de Tromso, en Norvège, et de la capitale islandaise, Reykjavík.

« Les autorités n’en font pas assez »

Selon Mark J. Nieuwenhuijsen, l’un des coauteurs de l’étude rattaché à l’Institut pour la santé mondiale de Barcelone (ISGlobal), ces estimations mettent en évidence « les graves incidences de la pollution atmosphérique sur les habitants des villes ». Selon le chercheur, beaucoup d’entre elles « n’en font toujours pas assez pour s’attaquer » au problème, et les niveaux de pollution « qui sont supérieurs aux lignes directrices de l’OMS entraînent des décès inutiles ». Selon ces mêmes lignes directrices, « il n’existe pas de seuil d’exposition sûr en dessous duquel la pollution atmosphérique est inoffensive : la politique de santé des exécutifs locaux devrait en tenir compte », ajoute le chercheur.

« Il est important d’identifier les différences au niveau local, car elles ne sont pas toujours correctement mises en évidences par les données nationales », souligne Sasha Khomenko, un autre co-auteur de l’étude, également rattaché à l’ISGlobal de Barcelone. « Ainsi, les précédentes estimations nationales pour l’Italie ne la classaient pas en tête de liste concernant la charge de morbidité due à l’exposition aux particules fines, mais dans notre étude, nous avons montré que celle-ci est très élevée précisément dans certaines villes du nord du pays. » L’espoir, ajoute-t-il, est que les autorités locales utilisent ces nouvelles données pour mettre en œuvre des politiques ayant un impact positif sur la santé des habitants.

Afin de mettre en place des actions plus ciblées, concluent les chercheurs, il faudra désormais procéder à des analyses supplémentaires qui tiennent compte des différentes incidences de la pollution atmosphérique sur la santé en fonction de la région, de l’âge, du sexe et de la situation économique des citoyens.

Source: euractiv.fr

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