Découvrez notre interview de Véronique Langlais, présidente du syndicat des bouchers de Paris
Tired Earth : La courte interview de Véronique Langlais, présidente du syndicat des bouchers de Paris

Interview avec Véronique Langlais
Cette interview a été réalisée par Brice Garreau
Photo éditée : ©Tired Earth France

 

Indiquer l'origine du lait sur l'étiquette n'est plus obligatoire. Qu'en pensez-vous ? 

Je trouve cela inadmissible. Aujourd’hui il est essentiel de s’interroger sur ce que nous consommons car non seulement, il s’agit de notre santé, mais c’est également une question sociétale. En France nous avons un certain savoir-faire, dans l’agriculture, dans l’élevage aussi et nos contraintes sanitaires sont drastiques et précises. C’est aussi un gage de qualité. Nos terroirs sont également riches de différences et cela se retrouve dans le lait. En France, nos élevages moyens sont à taille humaine et les éleveurs sont impliqués sur le bien-être animal, et l’environnement.

Alors pourquoi ne pas en être fier et valoriser leur travail aussi en mettant la provenance du lait. Pour à notre tour, être des consommateurs aguerris et impliqués.

Malheureusement, ne pas indiquer la provenance risque de favoriser l’importation de produits étrangers, moins contrôlés, et mettre en péril nos éleveurs par des pressions supplémentaires et favoriser aussi un bouleversement des cours du lait.

Quelles sont les conséquences de l'élevage intensif sur l’environnement ?

Malheureusement je ne suis pas érudite sur les problématiques de l’élevage intensif. Je sais juste qu’en France nous sommes loin de ces modèles puisque qu’en moyenne par exploitation nous sommes sur 60 vaches ou 80 brebis.

100 pour 100 des races à viande ont accès à l’extérieur. 55 pour cent du méthane émis par l’élevage bovin est compensé par le stockage du carbone dans le sol des prairies pâturées par les animaux. Et notre élevage français tel que pratiqué est favorable à une bonne biodiversité.

Par contre, l’élevage tel que pratiqué sur le continent Américain n’est pas sur le même modèle. Nous sommes sur des exploitations de plusieurs dizaines de milliers d’animaux, avec une alimentation qui n’est pas herbagée et des conditions d’élevage qui ne correspondent en rien à notre modèle Français.

Dans L’artisanat nous travaillons avec des producteurs locaux, et nous privilégions aussi les élevages de proximité. Souvent, nous avons des affinités particulières avec les éleveurs et nous travaillons un peu sur mesure.

Que pensez-vous de l’abattage rituel des viandes halal ?

L’abattage rituel fait l’objet d’une réglementation : une commande, un abattage. Donc en principe on ne peut pas le retrouver dans nos assiettes à notre insu. En tant que professionnelle conventionnelle, je n’accepte pas que la viande que je commercialise soit abattue de la sorte et c’est comme cela pour l’ensemble de nos artisans : ils ont le choix. Les boucheries « halal » et « casher » ont leurs spécificités et je le respecte, même si en amont nous travaillons pour que l’étourdissement soit accepté et pratiqué par l’ensemble.

Viande ou légumes, qu'est-ce qui est inaccessible aux enfants des milieux modestes ?

Malheureusement j’imagine que c’est plutôt l’équilibre alimentaire qui n’est pas accessible aux enfants des milieux modestes. Car pour ces familles, la préoccupation principale est de se nourrir à tout prix. J’ai connu cette situation lorsque j’étais enfant et cela m’a responsabilisé très tôt. Mais à l’époque, la malbouffe était plus chère que le kg de pomme de terre et les magasins « pas chers » n’existaient pas non plus.

Nous mangions des œufs, des pommes de terre, des pâtes, et aucun gaspillage.

Aujourd’hui il y a plein d’enseignes qui proposent des produits à moindre coût, moins onéreux que les produits frais. On ne connaît pas toujours la provenance et la composition précise des aliments mais on achète un prix pour se nourrir.

Hélas, les produits frais de France sont souvent un peu plus chers car les coûts de production ici sont plus élevés que dans le reste de l’Europe. Plus de charges et plus de contraintes, au profit d’une meilleure qualité. Mais pas toujours accessible malheureusement.

COMMENT

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